Pourquoi les grands mammifères d’amérique ont-ils disparu ? la science a enfin une piste
Auteur: Adam David
Imaginez un peu. Il y a 50 000 ans, l’Amérique du Nord n’était pas du tout comme on la connaît. C’était le royaume des géants. Des mammouths laineux plus grands que des éléphants se promenaient dans les plaines gelées. Des tigres aux dents de sabre chassaient dans les forêts, et d’immenses paresseux terrestres, pesant chacun plus d’une tonne, broutaient tranquillement. Il y avait même des chameaux, des bisons géants et des castors de la taille d’un ours. Un monde sauvage, grandiose, peuplé de créatures dignes d’un film.
Et puis, à la fin de la dernière période glaciaire, presque tous ces animaux magnifiques ont disparu. Comme ça. C’est l’un des plus grands mystères que les scientifiques essaient de résoudre depuis des décennies.
Les deux grandes théories : l'homme ou le climat ?

Alors, que s’est-il passé ? Les experts ne sont pas tous d’accord. Il y a deux camps principaux.
D’un côté, certains pensent que c’est la faute des premiers humains arrivés sur le continent. Ils auraient chassé ces grands animaux jusqu’à leur extinction. Après tout, l’arrivée de l’homme coïncide à peu près avec la disparition de cette mégafaune, ce qui est assez troublant.
De l’autre côté, il y a ceux qui accusent le changement climatique. La planète s’est réchauffée, les glaciers ont fondu, et tout l’environnement a été bouleversé. Les forêts ont remplacé les prairies, la nourriture a changé… Beaucoup d’espèces n’auraient tout simplement pas réussi à s’adapter à ces changements trop rapides. Le débat fait rage depuis des années, sans qu’on ait de preuve définitive pour l’un ou pour l’autre.
Un vrai casse-tête pour les chercheurs

Pourquoi est-ce si compliqué de savoir ? Le plus gros problème, c’est que les os de ces animaux sont souvent en très mauvais état. Le temps, la pluie, le gel… tout ça abîme les fossiles. La plupart du temps, les archéologues ne retrouvent que de petits fragments d’os, impossibles à identifier à l’œil nu. Est-ce un bout de mammouth ? Ou de bison ? Impossible à dire.
Imaginez un puzzle dont il manquerait 90% des pièces, et celles qui restent seraient toutes cassées. Difficile de reconstituer l’image, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est la même chose ici. Sans savoir précisément quel animal vivait à quel endroit et à quelle époque, il est très difficile de comprendre les raisons de sa disparition.
Une nouvelle technologie qui change la donne

Mais voilà que la science moderne vient donner un sacré coup de main. Des chercheurs ont eu une idée : et si on analysait les protéines contenues dans ces vieux os ? Même après des milliers d’années, une protéine appelée collagène (c’est un peu la charpente de l’os) peut encore être préservée.
Ils utilisent une technique au nom un peu compliqué : la Zooarchéologie par Spectrométrie de Masse (ZooMS). Pour faire simple, cette technique analyse le collagène et trouve sa “carte d’identité” moléculaire. Chaque espèce animale a une signature de collagène légèrement différente. Le ZooMS permet donc d’identifier l’espèce à partir d’un tout petit bout d’os, même s’il ne ressemble plus à rien !
Des os oubliés révèlent leurs secrets

Pour tester cette méthode, les scientifiques sont allés fouiller dans les réserves d’un grand musée américain, le Smithsonian. Ce musée garde des caisses et des caisses d’ossements découverts il y a des dizaines d’années. Beaucoup sont de simples fragments non identifiés qui prenaient la poussière.
Et là, surprise ! Les résultats ont été incroyables. Même sur ces os très vieux et abîmés, la technique a fonctionné. Sur tous les fragments testés, 80% contenaient encore assez de collagène pour être analysés. Et ils ont pu identifier avec certitude des restes de bisons, de mammouths, de chameaux et peut-être même de mastodontes. Des os que personne ne regardait sont soudainement devenus une mine d’informations.
Le trésor caché dans nos musées et la clé du mystère

Cette découverte change tout. Elle nous montre que les collections de nos musées sont des trésors inestimables. Ces milliers de fragments d’os, que certains pourraient voir comme de la vieille poussière sans intérêt, sont en fait une bibliothèque d’archives sur la vie passée. Il est donc crucial de bien conserver ces collections, même les morceaux les moins spectaculaires.
Grâce à des techniques comme le ZooMS, on peut enfin faire parler ces témoins silencieux du passé. En identifiant des milliers de nouveaux spécimens, les chercheurs vont pouvoir cartographier avec bien plus de précision la vie et la disparition des géants d’Amérique. On ne connaît pas encore toute la vérité, mais grâce à ces vieux os et aux nouvelles technologies, on se rapproche un peu plus de la solution à cette grande énigme.
Selon la source : frontiersin.org