Alerte climatique : un courant marin majeur s’inverse, les scientifiques craignent le pire
Auteur: Adam David
Imaginez un grand fleuve au fond de l’océan, un fleuve qui a toujours coulé dans le même sens. Et bien, pour la toute première fois depuis qu’on l’observe, ce fleuve s’est inversé. C’est la découverte choc qu’ont faite des scientifiques marins espagnols de l’Institut de Ciències del Mar (ICM-CSIC) à Barcelone.
Cette nouvelle a semé l’inquiétude dans le monde entier. Certains climatologues parlent même d’un point de bascule “catastrophique” pour le climat de notre planète. C’est un signal d’alarme très sérieux qui nous vient des profondeurs de l’océan Austral.
Ce courant, c'est quoi au juste et pourquoi est-il si important ?

Ce courant s’appelle le Courant Limite Occidental Profond (DWBC). Ce nom est un peu compliqué, alors imaginez-le comme une pièce maîtresse d’un immense “tapis roulant” mondial des océans. Ce grand système, appelé l’AMOC, joue un rôle essentiel pour nous tous.
Son travail ? D’abord, il régule les températures sur Terre en transportant la chaleur. Ensuite, il agit comme une éponge géante : il absorbe une grande partie du dioxyde de carbone (le fameux CO₂ issu de la pollution) de l’air et le stocke en toute sécurité au fond de l’océan. Bref, il est l’un des gardiens de l’équilibre de notre climat.
Alors, qu'est-ce qui a bien pu causer ce changement ?

Les chercheurs pensent que le coupable se trouve près de l’Antarctique. Un autre système marin, chargé de créer de l’eau très froide et très salée qui plonge vers les fonds, s’est affaibli. Et pas qu’un peu : il a ralenti de près de 40% depuis la fin des années 1990.
On dirait que cet affaiblissement, qui dure depuis des décennies, a fini par déstabiliser les courants de toute la région, et ce, bien plus vite que ce que les modèles avaient prévu. C’est un peu comme si une pièce d’un grand mécanisme commençait à lâcher, entraînant des problèmes en cascade.
Le risque d'un âge de glace pour l'Europe ?

Cette histoire de courant nous concerne directement en Europe. Le grand “tapis roulant” AMOC est aussi connu sous le nom de Gulf Stream. C’est lui qui nous amène de l’eau chaude des tropiques et nous garantit des hivers relativement doux.
Que se passerait-il s’il s’arrêtait ? Les scientifiques sont très inquiets. Un arrêt du Gulf Stream pourrait provoquer un mini-âge de glace en Europe, avec des températures hivernales qui pourraient chuter de 10 à 30 degrés Celsius. C’est un scénario extrême, mais réel. Si la plupart des scientifiques pensent que cela arrivera d’ici 2100, des études récentes n’excluent pas que cela puisse se produire bien plus tôt, peut-être même dès cette année ou dans les décennies à venir.
Une bombe à retardement de gaz à effet de serre

Il y a une autre crainte, peut-être encore plus grande. En s’inversant, le courant pourrait relâcher les énormes quantités de CO₂ qui sont piégées au fond de l’océan depuis des centaines d’années.
Le rapport de l’institut espagnol est très clair à ce sujet : une telle libération pourrait tout simplement doubler la concentration actuelle de CO₂ dans l’atmosphère. Ce serait une véritable catastrophe. Tous nos efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre seraient anéantis d’un seul coup. C’est une menace qui pourrait rendre les objectifs climatiques actuels complètement dépassés.
Des conséquences en chaîne pour la planète entière

Ce phénomène est un avertissement que la planète “entre dans une phase de panne systémique aiguë”, selon les mots des scientifiques. Ce n’est pas juste une histoire de courant. Cela menace de perturber les régimes de mousson, de provoquer l’effondrement des stocks de poissons dont dépendent des millions de gens, et d’accélérer la montée du niveau de la mer.
Et pendant ce temps, d’autres signaux s’allument. En Méditerranée, la mer a atteint les 31°C cet été, chaude comme l’eau d’un bain ! C’est plus de 6°C au-dessus de la normale. Cette chaleur anormale pourrait elle-même perturber encore plus les courants, créant un dangereux cercle vicieux. Les chercheurs appellent à une réévaluation urgente de nos stratégies face à ce qui pourrait être un régime climatique nouveau et bien plus instable.
Selon la source : icm.csic.es