Il a voté Trump, maintenant il veut ravoir son vote : l’histoire d’une famille brisée par l’immigration
Auteur: Adam David
C’est une histoire qui semble tout droit sortie d’un film, mais elle est bien réelle. Une famille, qui soutenait Donald Trump et ses idées sur l’immigration, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un drame. Le mari, un citoyen américain, a voté pour lui en pensant protéger son pays des “criminels”. Mais voilà que sa propre femme, une Canadienne vivant aux États-Unis depuis son enfance, est arrêtée et menacée d’expulsion. Ils se sentent trahis, pris au piège par les politiques qu’ils ont eux-mêmes soutenues. Une situation qui montre que les lois sur l’immigration peuvent parfois frapper là où on s’y attend le moins.
Une entrevue pour une carte verte qui tourne au cauchemar

Pour Cynthia Olivera, 45 ans, le 13 juin dernier devait être un jour d’espoir. Elle se rendait à un entretien à Chatsworth, en Californie, pour obtenir sa carte verte, ce fameux papier qui lui permettrait de vivre légalement et pour de bon dans le pays qu’elle a toujours considéré comme le sien. Mais au lieu d’une bonne nouvelle, ce sont des agents de l’immigration (ICE) qui l’attendaient. Elle a été arrêtée sur-le-champ. Ce qui devait être une simple formalité administrative s’est transformé en un véritable cauchemar pour elle et sa famille.
Qui est Cynthia Olivera, cette mère de famille canadienne ?

Cynthia n’est pas une inconnue aux États-Unis. Elle est arrivée du Canada à l’âge de 10 ans. C’est ici qu’elle a grandi, qu’elle est allée à l’école, qu’elle a rencontré son mari Francisco et qu’elle a eu ses trois enfants, tous nés américains. Pendant 25 ans, elle a travaillé à Los Angeles, a toujours payé ses impôts et a contribué à la société. Une équipe de journalistes a même vérifié : il n’y a aucune trace de crime ou de délit à son nom. En 2024, elle avait même obtenu un permis de travail légal. Bref, une vie tout ce qu’il y a de plus normal, si ce n’est ce papier qui lui manquait.
« Je veux ravoir mon vote » : le cri du cœur d'un mari trahi

Le plus ironique dans cette histoire, c’est que son mari, Francisco, est un citoyen américain qui a voté pour Donald Trump. Il nous explique qu’il était d’accord avec l’idée d’expulser les immigrés criminels pour rendre le pays plus sûr. Comme beaucoup, il pensait que cette politique ne toucherait jamais sa famille. Il ne s’imaginait pas que sa propre femme, qui n’a jamais rien fait de mal, serait considérée comme une cible. Aujourd’hui, il est sous le choc et regrette amèrement son choix. Sa phrase résume tout son désarroi : « Je veux ravoir mon vote ». Un sentiment de trahison totale.
Une vieille erreur qui refait surface

Alors, pourquoi s’en prendre à elle ? Il faut remonter loin en arrière, en 1999. À l’époque, les autorités américaines à la frontière avaient découvert qu’elle vivait dans le pays sans autorisation et avaient émis un ordre d’expulsion rapide. Cependant, quelques mois plus tard, elle avait réussi à revenir en voiture, passant la frontière sans qu’on lui demande ses papiers. Selon elle, on l’a simplement laissée passer. Elle n’imaginait pas que cette erreur, commise il y a plus de 25 ans, allait lui coûter si cher aujourd’hui. Pour le gouvernement, le fait d’être revenue après un ordre d’expulsion est une faute grave.
Pour le gouvernement, la loi c'est la loi

Face à cette situation, l’administration Trump ne montre que peu de pitié. Dans une déclaration officielle, un porte-parole a qualifié Cynthia d’« étrangère en situation irrégulière venant du Canada ». Le gouvernement insiste sur le fait qu’elle a été expulsée une première fois et a choisi d’ignorer la loi en revenant illégalement. Selon eux, c’est un crime. Par conséquent, elle restera en détention en attendant son renvoi au Canada. Même le gouvernement canadien a expliqué qu’il ne pouvait pas faire grand-chose, car chaque pays décide qui peut entrer ou sortir de ses frontières.
Conclusion : quel avenir pour la famille Olivera ?

Aujourd’hui, Cynthia est détenue dans un centre à El Paso, au Texas, loin de sa famille, en attendant de savoir quand elle sera expulsée vers le Canada. Elle a dit aux autorités qu’elle était prête à payer son propre billet d’avion pour retrouver une cousine là-bas. En larmes, elle confie aux journalistes : « Le seul crime que j’ai commis, c’est d’aimer ce pays, de travailler dur et de subvenir aux besoins de mes enfants ». Pour son mari et ses enfants, c’est l’attente et l’angoisse. Une famille américaine, brisée par des lois qu’elle pensait ne jamais avoir à subir.
Selon la source : theguardian.com