On pense souvent bien faire en prenant des vitamines pour booster notre santé. Pourtant, un excès peut parfois faire plus de mal que de bien. C’est le cas de la vitamine B6, un complément très courant dont les effets secondaires, notamment des lésions nerveuses, pourraient être bien plus répandus qu’on ne l’imaginait. Les autorités sanitaires australiennes, la Therapeutic Goods Administration (TGA), tirent la sonnette d’alarme et envisagent même de limiter la vente des versions à haute dose.
À quoi sert vraiment la vitamine B6 ?
La vitamine B6, ou pyridoxine, est essentielle au bon fonctionnement de notre corps. Elle participe au métabolisme des aliments, à la production des messagers chimiques du cerveau qui régulent notre humeur, et soutient notre système immunitaire en fabriquant des anticorps. Elle est aussi nécessaire à la production d’hémoglobine, cette protéine qui transporte l’oxygène dans notre sang. Certaines femmes en prennent pour soulager les nausées de grossesse ou les syndromes prémenstruels.
Cependant, soyons clairs : la plupart des gens n’ont pas besoin de compléments. Une alimentation équilibrée avec de la viande, des céréales, des fruits et des légumes suffit largement à couvrir nos besoins, qui sont très faibles : seulement 1,3 à 1,7 milligrammes par jour pour un adulte.
Le fossé entre nos besoins et ce qui est vendu
Le problème, c’est l’écart immense entre nos besoins réels et les doses vendues en magasin. On trouve facilement des compléments contenant de 5 à 200 mg de vitamine B6 en supermarché ou parapharmacie. Face aux inquiétudes croissantes, les autorités proposent de réserver la vente des plus fortes doses aux pharmacies, et uniquement après un entretien avec un pharmacien. Les dosages supérieurs à 200 mg, eux, resteraient sur ordonnance médicale.
Les dangers d'un surdosage pour vos nerfs
Que se passe-t-il si on en prend trop ? En général, le surplus est éliminé dans les urines. Mais une consommation prolongée à forte dose est préoccupante. Le principal risque est la neuropathie périphérique. Derrière ce nom compliqué se cache une atteinte des nerfs situés en dehors du cerveau et de la moelle épinière, provoquant des douleurs, des engourdissements ou une faiblesse, surtout dans les mains et les pieds.
Un pathologiste australien a même révélé que, sur des analyses sanguines récentes, 4,5 % des échantillons présentaient des taux si élevés qu’ils indiquaient une lésion nerveuse “très probable”. C’est loin d’être anodin.
Des études qui sèment le doute
Les preuves scientifiques sont parfois un peu contradictoires, ce qui peut être déroutant. Une vieille étude des années 90 n’avait trouvé aucun problème chez des patients prenant 100 à 150 mg par jour. Mais des rapports plus récents racontent une autre histoire. On a le cas d’un homme ayant développé une neuropathie en prenant un total de 95 mg par jour via plusieurs compléments, ou encore sept cas liés à la consommation de boissons énergisantes enrichies en vitamine B6. Depuis 2023, 174 cas de neuropathie liés à la vitamine B6 ont été signalés aux autorités sanitaires australiennes.
Trois symptômes qui doivent vous alerter
Si vous prenez régulièrement des compléments de vitamine B6, la prudence est de mise. Le conseil actuel est de vous faire suivre par un professionnel de santé si vous prenez 50 mg ou plus par jour depuis plus de six mois. Dans tous les cas, parlez-en avec votre médecin ou votre pharmacien.
Voici trois signes à surveiller attentivement :
1. Des engourdissements, des picotements ou des douleurs dans les pieds et les mains.
2. Des difficultés d’équilibre et de coordination, dues à une faiblesse musculaire.
3. Des brûlures d’estomac et des nausées inhabituelles.
Si vous ressentez ces symptômes, n’hésitez pas à consulter.
Conclusion : la prudence avant tout
Cette histoire nous rappelle une leçon importante : les compléments alimentaires ne sont pas des bonbons. Ce n’est pas parce qu’un produit est en vente libre ou “naturel” qu’il est sans danger à haute dose. Avant de commencer ou de continuer à prendre un complément, quel qu’il soit, le meilleur réflexe est d’en discuter avec son médecin. Être bien informé et accompagné, c’est la clé pour prendre soin de sa santé sans prendre de risques inutiles.
Selon la source : theconversation.com