Un astronome découvre que les satellites espions “Starshield” d’Elon Musk émettent un signal inhabituel
Auteur: Simon Kabbaj
Introduction : la découverte accidentelle qui embarrasse SpaceX
C’est l’histoire d’un astronome amateur qui, par une simple erreur de manipulation, a peut-être mis le doigt sur un secret bien gardé d’Elon Musk et du gouvernement américain. Cet observateur passionné a découvert que les satellites classifiés ‘Starshield’ de SpaceX émettent un signal étrange sur une fréquence radio ‘interdite’. Une anomalie qui soulève de nombreuses questions sur la nature de ce réseau d’espionnage spatial et sur le respect des règles internationales par le géant de l’aérospatiale.
C’est quoi, Starshield ? Le réseau de satellites espions de Musk

Pour comprendre l’ampleur de la découverte, il faut savoir ce qu’est Starshield. En 2021, SpaceX a signé un contrat classifié de 1,8 milliard de dollars avec une agence gouvernementale américaine. En 2024, l’agence de presse Reuters a révélé qu’il s’agissait du National Reconnaissance Office (NRO), l’agence chargée des satellites espions américains. L’objectif : créer un réseau de centaines de satellites en orbite basse, capables d’opérer en ‘essaim’ pour imager la Terre avec une précision redoutable. Les capacités exactes sont secrètes, mais une source a confié à Reuters que grâce à ce système, ‘personne ne peut se cacher‘.
La découverte : une “erreur de manipulation” au clavier
C’est là qu’entre en scène Scott Tilley, un traqueur de satellites amateur de Colombie-Britannique. Alors qu’il travaillait sur un de ses projets, il a fait une fausse manipulation. ‘C’était juste un mouvement maladroit au clavier’, a-t-il raconté à la radio NPR. Cette erreur l’a conduit à scanner une bande de fréquence où il n’est censé y avoir aucun signal descendant vers la Terre. Et là, surprise : ‘Bang, une identification inhabituelle à laquelle je ne m’attendais pas du tout est apparue’, a-t-il ajouté. Après avoir comparé ses observations avec d’autres amateurs, le coupable a été identifié : Starshield.
L’anomalie : un signal sur une fréquence ‘interdite’

Pourquoi ce signal est-il si étrange ? Parce que les satellites émettent des données *vers le bas* sur une bande de fréquence (la bande S, entre 2025 et 2110 MHz) qui est internationalement réservée aux liaisons *vers le haut* (de la Terre vers l’espace) ou entre satellites. Dans un article détaillant sa découverte, Scott Tilley est très clair : ‘Il n’y a aucune disposition dans les réglementations de l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) pour les transmissions descendantes de l’espace vers la Terre dans cette bande‘. En d’autres termes, SpaceX utiliserait une autoroute à contre-sens, sans autorisation apparente.
L’ampleur du phénomène et les questions réglementaires
Ce n’est pas un incident isolé. Scott Tilley a catalogué 193 satellites appartenant à cette constellation secrète et a découvert que 170 d’entre eux émettaient sur cette fréquence non autorisée. Si SpaceX n’a pas obtenu les permissions nécessaires, ce qui semble être le cas puisqu’aucun enregistrement public n’existe, l’entreprise pourrait être en violation des réglementations nationales et internationales. ‘Si cela est confirmé, cela mettrait en évidence un fossé entre le déploiement pratique des grandes constellations modernes et les mécanismes de coordination internationaux destinés à prévenir les interférences nuisibles’, écrit Tilley.
Pourquoi une telle manœuvre ? Deux hypothèses sur la table
Mais pourquoi prendre un tel risque ? Les experts ont deux hypothèses. La première, suggérée par Tilley, est que ce pourrait être une tactique délibérée pour cacher les transmissions de Starshield des observateurs, en utilisant une bande que personne ne pense à surveiller. La seconde, avancée par Kevin Gifford, un professeur spécialiste des interférences radio, est plus cynique : SpaceX pourrait simplement profiter d’une bande de fréquence ‘calme’, peu utilisée, en se disant qu’ils s’occuperont des autorisations plus tard. Un détail rend le mystère encore plus grand : la vitesse de transmission sur cette bande serait très lente, équivalente à celle de la 3G.
Conclusion : quand la technologie dépasse la régulation
Au final, cette découverte met en lumière un problème majeur de l’ère spatiale moderne. Le déploiement ultra-rapide de méga-constellations par des acteurs privés comme SpaceX dépasse la capacité des organismes internationaux à réguler et à contrôler l’utilisation des fréquences. L’étude de Scott Tilley, publiée sur le dépôt de recherche ouvert Zenodo, est un signal d’alarme. Elle nous rappelle que dans cette nouvelle course à l’espace, certains acteurs semblent prêts à jouer selon leurs propres règles, au risque de créer un chaos dans les ondes qui pourrait nuire à tout le monde.