« Nous aplatirons Moscou » : le ministre belge qui défie la Russie et enflamme l’Europe
Auteur: Simon Kabbaj
C’est une passe d’armes d’une violence verbale rare qui a secoué l’Europe fin octobre 2025. D’un côté, un ministre belge, Theo Francken, qui menace sans détour d”aplatir Moscou’. De l’autre, l’ancien président russe, Dmitri Medvedev, qui répond par l’insulte et la menace de “cendres radioactives”. Cette escalade rhétorique n’est pas qu’une simple querelle. C’est un signal stratégique majeur, un jeu de poker nucléaire où la Belgique, au cœur de l’OTAN, a décidé de parler fort pour montrer que l’Europe n’a plus peur du bluff russe.
La menace choc : « Nous aplatirons Moscou »
Tout est parti d’une interview du député et ancien secrétaire d’État belge, Theo Francken, au journal De Morgen le 26 octobre. Interrogé sur la possibilité que la Russie utilise une arme nucléaire tactique, sa réponse a été d’une clarté brutale. Si la Russie bombardait un pays de l’OTAN, comme le Royaume-Uni, avec une arme nucléaire, la riposte de l’OTAN serait ‘conventionnelle mais dévastatrice‘. Il a précisé sa pensée : ‘Nous éteindrions alors toutes leurs capacités militaires en quelques jours… nous aplatirions Moscou’. Une déclaration d’une fermeté inédite, qui a immédiatement fait le tour du monde.
La réplique russe : l'insulte de Medvedev, 'l'idiot belge'
La réaction de Moscou ne s’est pas fait attendre. Le 29 octobre, Dmitri Medvedev, connu pour ses sorties outrancières, s’est emparé de son compte X (anciennement Twitter) pour répondre. Comme le rapporte Brussels Signal, il a qualifié Francken d”idiot belge‘, l’accusant de jouer avec le feu. ‘Si votre pays est frappé par des armes russes’, a menacé Medvedev, ‘alors, dans ce cas, personne ne se souciera de savoir si c’était ‘conventionnel’ ou ‘nucléaire’. Ce sera la fin de la Belgique’. Il a ajouté que même le siège de l’OTAN à Bruxelles serait réduit en ‘cendres radioactives’.
La contre-attaque intellectuelle : Francken répond avec du latin et Ovide
Loin de se laisser impressionner, Theo Francken a répondu à l’insulte par une citation, transformant le clash en leçon de philosophie. Toujours sur X, le 29 octobre, il a cité le poète romain Ovide, comme l’a noté Brussels Signal : ‘Candida pax homines, trux decet ira feras‘. La traduction : ‘La paix véritable est pour les civilisés. La rage sauvage convient aux bêtes sauvages‘. Une réponse cinglante, qui place la réaction russe du côté de l’animalité et de la barbarie, et la position occidentale du côté de la civilisation. Une manière de renvoyer Medvedev à sa propre fureur, sans descendre à son niveau.
Le bouclier de l'OTAN : pourquoi Francken n'a pas peur
Mais Francken n’est pas juste un poète, c’est un stratège. Dans son interview à De Morgen (rapportée par Brussels Times les 28-29 octobre), il explique pourquoi il n’a pas peur des menaces russes. Sa confiance repose sur un pilier : l’Article 5 du traité de l’OTAN, qui stipule qu’une attaque contre un membre est une attaque contre tous. Si Poutine frappait Bruxelles, ce serait ‘une attaque sur le cœur de l’OTAN’. La riposte serait alors un ‘no-brainer‘, une évidence automatique et dévastatrice. Pour lui, la clarté et la fermeté sont le meilleur moyen de dissuasion. ‘Poutine sait les conséquences. Il ne frappera pas’, affirme-t-il, ‘le bluff russe dépend entièrement de la croyance de l’Europe en la menace’.
La dure réalité : la Russie produit 4 fois plus de munitions
Cependant, Francken n’est pas un optimiste aveugle. Il est douloureusement conscient de la réalité industrielle. Dans son interview du 26 octobre (citée par Brussels Times), il fait un aveu brutal : ‘L’économie de guerre russe produit quatre fois plus de munitions que toute l’OTAN combinée‘. Un chiffre accablant, qui montre l’urgence pour l’Europe de réveiller sa base industrielle de défense. ‘La Russie achète beaucoup plus avec le même argent que nous’, ajoute-t-il, soulignant que pendant que l’Europe ‘discute’, la Russie ‘produit’.
Le paradoxe de la victoire ukrainienne
Alors, comment l’Ukraine peut-elle tenir, et même gagner, face à une telle supériorité de production ? Francken donne la clé de ce paradoxe dans la même interview : ‘L’Ukraine gagne contre toute probabilité parce qu’elle se bat contre la Russie et nous nous battons aux côtés de l’Ukraine avec nos armes, nos munitions et notre argent‘. C’est une alliance de fait : l’Ukraine fournit le courage et les vies, et l’Occident fournit les moyens. ‘Seule, l’Ukraine mourrait. Sans nous. Et sans l’Ukraine qui se bat ? Nous mourrions plus tard’, analyse-t-il, soulignant que cette solidarité est une question de survie commune.
Conclusion : la Belgique, petite puissance aux paroles de géant
Au final, cette guerre des mots est révélatrice. Les insultes de Medvedev trahissent la frustration d’une Russie qui ne fait plus peur. Les paroles fortes de Francken, loin d’être une escalade imprudente, sont un signal calculé, un rappel de la puissance de la dissuasion collective de l’OTAN. ‘La Belgique parle maintenant comme une puissance’, conclut le chroniqueur. Non pas parce qu’elle en a la force militaire, mais parce qu’elle est au cœur de l’alliance. ‘Et celui qui contrôle le cœur contrôle le corps entier’. Dans ce jeu de poker nucléaire, montrer sa peur serait suicidaire. L’Europe, par la voix d’un ministre belge, a décidé de crier qu’elle n’a plus peur.
Selon la source : brusselstimes.com