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Un manteau invisible autour de la Terre : bientôt observé de près pour la première fois

Auteur: Mathieu Gagnon

2025-09-29 09:49:08

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Crédit: freepik

Imaginez une immense couverture, presque fantomatique, qui enveloppe notre Terre. On ne peut pas la voir, et d’ailleurs, la plupart des gens n’en ont jamais entendu parler. Pourtant, elle est bien là. C’est un nuage géant et très léger d’atomes d’hydrogène qui s’étend très, très loin dans l’espace. Cette couche, qui est en fait le tout dernier souffle de notre atmosphère, s’appelle l’exosphère.

C’est à cet endroit que l’air de la Terre s’efface doucement pour laisser place au vide de l’espace. C’est aussi la première barrière qui nous protège des colères du soleil. Et pour la toute première fois, nous allons y envoyer un engin spatial pour l’observer de très près.

Qu'est-ce que cette enveloppe invisible ?

Alors, c’est quoi exactement, ce nuage ? L’exosphère commence à environ 500 kilomètres au-dessus de nos têtes. C’est la limite la plus externe de notre atmosphère. Elle est si peu dense que les atomes qui la composent, principalement de l’hydrogène, peuvent parfois s’échapper pour de bon et partir dans l’espace. C’est un peu comme de la vapeur qui s’échappe d’une casserole, mais à une échelle gigantesque.

Ce nuage est en quelque sorte la frontière entre notre monde et le reste de l’univers. Une frontière fragile et dynamique, qui change tout le temps.

Une découverte qui a surpris tout le monde

Dans les années 70, peu de gens imaginaient à quel point notre atmosphère était grande. L’existence de l’exosphère était surtout une idée sur le papier. Mais un scientifique, George Carruthers, voulait en avoir le cœur net. Il a fabriqué un appareil photo spécial, capable de voir une lumière que nos yeux ne voient pas (les ultraviolets).

Cet appareil a été emmené sur la Lune par les astronautes de la mission Apollo 16 en 1972. Ils l’ont pointé vers la Terre et ce qu’ils ont photographié a étonné tout le monde. Le nuage d’hydrogène était si grand qu’il ne rentrait même pas dans la photo, alors qu’ils étaient sur la Lune ! Personne ne pensait que ce « nuage léger » pouvait s’étendre aussi loin.

Pourquoi est-ce si important de l'étudier ?

Bon, mais à quoi ça sert de regarder un nuage de gaz si loin ? En fait, c’est crucial pour deux raisons principales.

D’abord, pour notre sécurité. L’exosphère est notre premier bouclier. Quand le soleil a des « sautes d’humeur » et envoie des rafales d’énergie (les fameuses tempêtes solaires), c’est l’exosphère qui prend le premier coup. Ces tempêtes peuvent endommager nos satellites, perturber les communications et même les réseaux électriques sur Terre. En comprenant comment l’exosphère réagit, on pourra mieux prévoir ces dangers.

Ensuite, pour comprendre d’où vient notre eau. L’hydrogène qui s’échappe de l’exosphère est un des composants de l’eau (H₂O). Comprendre comment la Terre a réussi à garder son eau, alors que des planètes comme Mars ou Vénus l’ont perdue, est une question fondamentale. Cela pourrait même nous aider à savoir si d’autres planètes, très loin dans l’univers, pourraient avoir de l’eau aujourd’hui.

Une nouvelle mission nommée en son honneur

Plus de 50 ans après cette découverte historique, la NASA rend hommage à George Carruthers en donnant son nom à une nouvelle mission spatiale : l’Observatoire de la Géocouronne Carruthers. C’est un engin de la taille d’un petit canapé, pesant environ 240 kilos.

Le but n’est plus de prendre une simple photo, mais de réaliser de véritables films. Ces images animées nous montreront en direct comment ce halo bouge et réagit aux humeurs du soleil. C’est vraiment la première fois qu’une mission est entièrement dédiée à l’observation de notre exosphère.

Un voyage vers un point de vue parfait

L’engin spatial sera lancé par une fusée SpaceX Falcon 9, pas avant le 23 septembre. Il ne voyagera pas seul ; deux autres satellites l’accompagneront. Leur destination ? Un endroit très spécial dans l’espace appelé le Point de Lagrange 1 (L1). C’est un point d’équilibre, situé à environ 1,5 million de kilomètres de nous, en direction du soleil.

De là-bas, quatre fois plus loin que la Lune, l’observatoire aura une vue imprenable et pourra photographier l’ensemble du halo terrestre d’un seul coup. Pour cela, il utilisera deux caméras : une pour zoomer sur les détails près de la planète, et une autre pour voir l’ensemble du nuage dans toute son immensité.

Regarder la Terre... pour comprendre d'autres mondes

Finalement, cette mission ne concerne pas seulement notre bonne vieille Terre. C’est une mission qui regarde vers l’avenir et vers les autres planètes. En comprenant en détail comment notre propre atmosphère s’échappe, les scientifiques auront des indices précieux pour étudier les planètes qui tournent autour d’autres étoiles.

Cela nous aidera à imaginer à quelle vitesse ces mondes lointains pourraient perdre leur air ou leur eau. C’est une pièce de plus dans le grand puzzle de la recherche de la vie ailleurs dans l’univers.

Conclusion : Le rideau se lève sur notre dernière frontière

La mission Carruthers devrait commencer son travail scientifique en mars 2026. Bientôt, nous aurons pour la première fois des images animées de cette frontière invisible, ce voile protecteur qui nous entoure. Nous allons enfin pouvoir observer de près comment notre planète respire et interagit avec l’espace.

Cela nous rappellera à quel point il est extraordinaire de vivre sur une planète qui a su garder son air et son eau, tout en étant constamment baignée par la puissance de notre étoile, le soleil.

Selon la source : earth.com