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Le trésor caché dans le « vomi » fossilisé : découverte d’un nouveau ptérosaure filtreur au Brésil

Auteur: Mathieu Gagnon

2025-11-13 10:02:05

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Crédit: lanature.ca (image IA)

Le bassin d’Araripe, dans le nord-est du Brésil, n’est pas n’importe quel site. On le connaît sous le nom de Groupe Santana et, pour les passionnés d’histoire ancienne, c’est une véritable mine d’or. Depuis des décennies, cette zone nous offre des fenêtres incroyables sur la période du Crétacé, notamment avec une quantité étonnante de restes de ptérosaures – ces reptiles volants préhistoriques. Et figurez-vous qu’une nouvelle étude, publiée dans Scientific Reports, vient d’ajouter une pièce fascinante à ce puzzle géant.Ce n’est pas seulement une nouvelle espèce qui a été dénichée, mais un ptérosaure ayant une façon de se nourrir vraiment unique pour la région : c’était un filtreur. Et le plus étonnant dans tout ça, c’est où ils l’ont trouvé…

L’énigme du « vomi » fossilisé : une découverte insolite

Ce qui rend cette découverte si particulière, ce n’est pas l’endroit où le fossile gisait dans le sol, mais plutôt l’endroit où il gisait… dans les archives. Le spécimen a été identifié au Museu Câmara Cascudo (MCC), à l’Universidade Federal do Rio Grande do Norte (UFRN). Il y était depuis des années, ignoré, presque oublié, sans même une étiquette pour indiquer sa date d’excavation ou son lieu d’origine précis au sein du Groupe Santana. C’est fou, non ?Mais l’histoire devient encore plus étrange. Ce fossile, qui a révélé la nouvelle espèce, est ce que les scientifiques appellent un « régurgitalite » – oui, vous avez bien lu : du vomi de dinosaure fossilisé. Vous imaginez la surprise de l’équipe lorsqu’ils ont compris ce qu’ils tenaient entre les mains ?

Bakiribu waridza : le nouveau venu au nom étrange

L’équipe a confirmé que le fossile contenait les restes partiels de deux individus de cette nouvelle espèce, désormais baptisée Bakiribu waridza, ainsi que quatre poissons. C’est la position de ces restes à l’intérieur de la matrice fossile, combinée aux os de ptérosaures très fracturés, qui a permis de le confirmer comme un régurgitalite.Les auteurs de l’étude expliquent, et c’est un point clé, que la «fracturation des os de ptérosaure s’est très probablement produite pendant l’ingestion, à la suite du traitement mécanique par le prédateur». En gros, ça a été broyé ! L’absence de tissus mous est aussi typique de ce type de fossile, car le système digestif du prédateur les a fait disparaître en priorité. Il n’est pas facile, le métier de paléontologue, quand on doit étudier ce genre de repas préhistorique.

Un ptérosaure qui mangeait comme un flamant rose

Pour comprendre où ce nouveau venu se situe, l’équipe a dû effectuer des analyses phylogénétiques (l’arbre généalogique) et paléohistologiques (dents et os). La conclusion est nette : bien que la région ait été très riche en ptérosaures, aucune des espèces découvertes précédemment n’était un filtreur. C’est ce qui rend Bakiribu unique en son genre dans cette région du Brésil. C’était un peu le flamant rose du Crétacé local, je suppose.L’analyse montre que Bakiribu est un proche parent de Pterodaustro, un autre ptérosaure filtreur. Ces espèces appartiennent toutes deux à la grande famille des Ctenochasmatidae. Ce qui distingue cette famille, c’est cette mâchoire allongée, un peu étrange, remplie d’une quantité impressionnante de dents fines, comme une passoire naturelle.

Combler le fossé de l'évolution

Le rôle de Bakiribu ne se limite pas à enrichir la faune locale. Il semble qu’il ait une importance capitale dans la compréhension de l’évolution de ces filtreurs. Les chercheurs affirment que Bakiribu est en fait un « taxon sœur » de Pterodaustro. Plus simplement, c’est comme s’ils étaient cousins très proches, mais avec des traits légèrement différents.En examinant des caractéristiques spécifiques – la densité des dents, leur nombre et l’allongement de la mâchoire – Bakiribu se positionne exactement entre le Ctenochasma et le Pterodaustro. Pour les scientifiques, c’est un petit miracle, car il permet de combler partiellement un « fossé évolutif » essentiel au sein des Ctenochasmatinae. C’est un peu la pièce manquante qui manquait pour lier deux chapitres de l’histoire.

Indices sur les chaînes alimentaires préhistoriques

Au-delà de l’évolution des ptérosaures, ce régurgitalite offre un aperçu plutôt dramatique de ce qui se passait lors d’un déjeuner il y a des millions d’années. Il fournit une preuve matérielle assez claire : les ptérosaures servaient de proie à de plus grands dinosaures. On ne sait pas exactement qui est le coupable de ce repas en particulier, ce grand gourmand qui a recraché ses restes.Toutefois, l’équipe a quelques bonnes pistes. Parmi les prédateurs possibles de cette époque, on pense aux dinosaures spinosauridés et aux ptérosaures ornithocheiriformes. Pourquoi eux ? Parce qu’ils sont connus pour être piscivores (mangeurs de poissons) et ils étaient présents dans la région. N’oubliez pas qu’on a déjà trouvé, dans la même formation, une vertèbre de ptérosaure avec une dent de spinosauridé plantée dedans. Le spinosauridé est donc un suspect sérieux, ça, c’est sûr.

L’importance des vieilles collections

Cette découverte, tirée d’un échantillon négligé et d’apparence peu excitante dans l’arrière-salle d’un musée, nous a appris tellement de choses ! Elle a enrichi notre compréhension de l’évolution des ptérosaures, de leur dispersion et, surtout, des dynamiques complexes entre prédateurs et proies à cette époque lointaine. C’est un peu une leçon d’humilité pour tout le monde, je crois.Les auteurs de l’étude l’ont d’ailleurs souligné : cette trouvaille met en lumière « l’importance des spécimens muséaux, longtemps conservés et peu étudiés, pour révéler des idées clés sur l’évolution et la paléoécologie ». Il est clair que les trésors ne sont pas toujours au fond d’une fosse d’excavation ; parfois, ils attendent juste, patiemment, sur une étagère poussiéreuse.

Selon la source : phys.org

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