En Égypte, une touriste néerlandaise mise en prison après avoir défendu un âne maltraité
Auteur: Simon Kabbaj
Une vidéo virale bouleverse l’opinion mondiale : on y voit une Néerlandaise, Joke Van der Post, frapper un homme pour défendre un âne maltraité en Égypte. Cette scène, filmée près des pyramides de Gizeh, montre la femme de 47 ans courant vers un homme en train de battre violemment un âne attaché. Indignée, elle l’agresse physiquement et lui retire son fouet. Ce geste, applaudi par certains et critiqué par d’autres, lui vaut aujourd’hui des poursuites judiciaires, des menaces de mort, mais aussi le soutien de milliers de défenseurs des animaux.
Une militante déjà connue pour ses interventions

Joke Van der Post n’est pas une simple touriste. Elle dirige un refuge animalier nommé Good Karma Sanctuary, implanté dans la région depuis des années. Elle explique qu’elle a d’abord tenté de raisonner l’homme qui battait l’âne, mais celui-ci l’a insultée et a redoublé de violence envers l’animal. Face à cette escalade, elle l’a plaqué contre un mur avant de le frapper. Pour elle, il s’agissait d’une réaction de dernier recours. Malgré son arrestation, elle assume pleinement son geste.
Une plainte qui relance la polémique

La police égyptienne a arrêté Van der Post, mais l’a relâchée quelques heures plus tard. Pourtant, l’homme agressé a porté plainte, affirmant souffrir de “dommages psychologiques” à cause de la vidéo. “Il a honte parce qu’il a été frappé par une femme,” rétorque Van der Post, sans détour. Si elle est reconnue coupable, elle risque une amende, la prison ou l’expulsion du pays.
Une violence quotidienne contre les animaux

Selon Van der Post, les sévices infligés aux animaux en Égypte sont fréquents, en particulier dans les zones touristiques. Elle déclare intervenir régulièrement pour protéger chevaux et ânes utilisés comme bêtes de somme. “Je leur parle d’abord, je donne une chance. Mais s’ils ne comprennent pas, j’agis.” Ce n’est donc pas la première fois qu’elle confronte un propriétaire violent.
Prison ou changement de loi ?

La militante sait à quoi elle s’expose. Elle décrit les prisons égyptiennes comme inhumaines : sol en pierre, cellules surpeuplées. Mais elle affirme sans trembler : “Si je dois passer quelques mois en enfer pour qu’un changement ait lieu pour 20 000 chevaux, je suis prête.” Son engagement va donc bien au-delà de cette altercation : c’est un combat pour faire évoluer la législation.
Soutiens et critiques se multiplient

Depuis la diffusion de la vidéo, elle reçoit autant de messages de soutien que de menaces de mort. Certains la qualifient de “héroïne totale”, saluant son courage. D’autres, en revanche, dénoncent son geste comme inadapté. “Elle aurait dû éduquer, pas frapper,” écrivent ses détracteurs. Mais pour elle, l’inaction face à la cruauté est bien plus dangereuse que l’usage de la force.
Une affaire qui bouscule les frontières culturelles

L’histoire de Van der Post met en lumière les profondes différences culturelles autour du traitement des animaux, mais aussi du rôle des femmes dans les sociétés conservatrices. En Égypte, une femme qui ose confronter un homme choque encore. Pourtant, son geste pourrait marquer un tournant, en attirant l’attention sur une souffrance animale souvent ignorée, et en posant la question des limites de l’intervention face à la cruauté.