
En à peine trois décennies, les populations d’insectes ont chuté de 75 % à l’échelle mondiale, une disparition qui bouleverse l’équilibre de nos écosystèmes. Souvent négligés, ces petits êtres sont pourtant essentiels à la vie sur Terre, jouant un rôle crucial dans la pollinisation, la décomposition des matières organiques et la chaîne alimentaire. Un réseau d’études scientifiques vient enfin mettre en lumière les causes profondes de ce déclin inquiétant.
Des ouvriers invisibles de la nature en voie de disparition

Les insectes pollinisent 80 % des plantes à fleurs sauvages et 75 % des cultures agricoles. Sans eux, une grande partie des fruits et légumes disparaîtrait de nos assiettes. Ils décomposent aussi les matières organiques – sans eux, les champs seraient couverts de déchets animaux, la bouse de vache mettant 60 % plus de temps à se décomposer en leur absence.
L’agriculture intensive : un coupable majeur

Parmi les 3 000 liens identifiés entre les différentes causes du déclin, l’agriculture intensive revient constamment. Elle entraîne l’utilisation massive d’insecticides, la modification des sols, la déforestation et la monoculture, créant un environnement hostile à la survie des insectes.
Un réseau de causes interconnectées

Les chercheurs de l’Université de Binghamton ont compilé 175 revues scientifiques pour dresser un tableau global du problème. Leur approche révèle que les facteurs sont synergiques : le changement climatique, les incendies, les pluies extrêmes, ou encore l’urbanisation se renforcent mutuellement, aggravant la chute des insectes.
Des menaces ignorées par la recherche

Certains facteurs restent pourtant largement sous-estimés, comme les catastrophes naturelles, les conflits armés, ou les perturbations humaines locales. Ces dimensions, pourtant connues pour affecter la biodiversité, n’apparaissent presque jamais dans les études récentes sur le déclin des insectes.
L’erreur de ne voir que les “vedettes” du monde des insectes

Quand on parle du déclin des insectes, les médias et les scientifiques mettent souvent en avant les espèces les plus visibles et appréciées, comme les papillons colorés ou les abeilles pollinisatrices. Pourtant, ces insectes “stars” ne représentent qu’une minuscule fraction des environ 5,5 millions d’espèces d’insectes estimées sur Terre.
Ce déséquilibre d’attention a un effet pervers : de nombreuses autres espèces passent complètement inaperçues, alors qu’elles jouent aussi un rôle crucial dans l’équilibre de la nature. Par exemple, certains insectes du sol améliorent la qualité des terres agricoles, d’autres régulent les populations de nuisibles. Malheureusement, comme ils sont peu connus ou jugés moins attirants, ils ne font pas l’objet de recherches ni de mesures de protection adaptées.
Résultat : la conservation se concentre sur une poignée d’espèces, au lieu de s’adresser à l’ensemble du monde des insectes, dont la diversité et les besoins varient énormément.
Repenser la conservation pour toutes les espèces

Certaines actions de préservation comme planter des fleurs pour les pollinisateurs adultes ne suffisent pas. Il faut désormais prendre en compte toutes les étapes de leur cycle de vie, y compris les larves, et élargir notre vision à l’ensemble des insectes – pas uniquement les plus populaires ou utiles à l’agriculture.
Conclusion – Une urgence silencieuse

Le déclin massif des insectes est un signal d’alarme planétaire. Sans eux, les écosystèmes s’effondrent. Pour éviter le pire, nous devons agir sur tous les fronts : agriculture, urbanisation, climat, recherche… et surtout, changer notre regard sur ces salliés discrets mais indispensables à la survie de la planète.
Source de l’étude : academic.oup.com