Pourquoi certaines personnes dorment à peine 6 heures sans jamais être fatiguées ? Voici pourquoi
Auteur: Simon Kabbaj
Certaines personnes peuvent se contenter de 6 heures de sommeil ou moins chaque nuit sans jamais ressentir de fatigue. Ce phénomène rare fascine les scientifiques depuis des années. Récemment, une étude a permis d’identifier une mutation génétique spécifique expliquant cette incroyable capacité. Ces individus, surnommés les “chanceux”, pourraient bien révolutionner notre compréhension du sommeil.
Un super-pouvoir génétique découvert chez une femme de 70 ans

Des chercheurs en Chine ont observé une femme de 70 ans en parfaite santé qui dort très peu depuis toujours. Contrairement à la majorité des gens qui ont besoin de 7 à 9 heures de sommeil, elle se contente de 6 heures, parfois moins, sans aucune conséquence sur sa forme ou sa santé. Cette observation a conduit les scientifiques à explorer son ADN en détail.
Un don inscrit dans leurs gènes

Certaines personnes peuvent dormir seulement 4 à 6 heures par nuit et se réveiller en pleine forme. Ces “dormeurs courts naturels” sont très rares : ils représentent à peine 1 % de la population mondiale. Leur secret ? Une mutation génétique spéciale qui leur permet d’avoir un sommeil plus efficace. Contrairement à ceux qui dorment peu et ressentent de la fatigue, ces individus n’ont aucun symptôme de manque de sommeil. C’est une caractéristique innée, pas un simple “coup de chance”.
Le gène SIK3, la nouvelle pièce du puzzle

Les scientifiques savent depuis quelques années que certaines personnes dorment peu sans être fatiguées grâce à des mutations dans leurs gènes. Quatre gènes étaient déjà connus pour jouer ce rôle :
➡ DEC2, NPSR1, GRM1, ADRB1.
Maintenant, les chercheurs ont découvert un cinquième gène important :
➡ SIK3.
Ce gène SIK3 était déjà étudié car il aide à réguler notre métabolisme (c’est-à-dire la façon dont notre corps transforme les aliments en énergie).
Mais la nouveauté, c’est qu’ils ont trouvé une mutation particulière de ce gène, appelée N783Y, qui agit aussi sur le sommeil.
➡ Cette mutation réduit naturellement le besoin de sommeil, comme si elle rendait le sommeil plus “efficace”.
Donc, grâce à cette mutation, certaines personnes peuvent dormir moins d’heures sans en subir les effets négatifs.
Des tests sur des souris pour confirmer la découverte

Pour s’assurer de l’effet de cette mutation, l’équipe a introduit le gène SIK3 modifié dans des souris. Résultat : ces souris ont elles aussi réduit leur durée de sommeil, dormant moins que les souris normales. La mutation semble perturber la façon dont la protéine SIK3 interagit avec d’autres protéines, notamment celles impliquées dans les connexions neuronales.
Pourquoi cette découverte sur le gène SIK3 est importante ?

Découvrir comment le gène SIK3 agit sur le sommeil n’est pas seulement utile pour comprendre pourquoi certains dorment peu sans être fatigués. Cela pourrait aussi aider à trouver de nouveaux traitements contre les troubles du sommeil, comme :
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l’insomnie (difficulté à s’endormir ou à rester endormi),
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le syndrome d’apnée du sommeil,
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ou le sommeil non réparateur (on dort longtemps mais on reste fatigué).
Les chercheurs pensent que d’autres protéines proches de SIK3 pourraient également influencer combien de temps et avec quelle qualité nous dormons. Ces protéines agissent sur des mécanismes très précis dans le cerveau, notamment sur les synapses (les connexions entre les neurones).
En étudiant ces protéines “cousines” de SIK3, la science pourrait :
✅ mieux comprendre pourquoi certaines personnes ont un sommeil de mauvaise qualité,
✅ développer des médicaments qui améliorent la qualité du sommeil sans allonger sa durée,
✅ aider les personnes qui souffrent de fatigue chronique malgré un sommeil suffisant.
Détail scientifique intéressant :
Les kinases, comme SIK3, sont des enzymes qui “allument” ou “éteignent” certaines fonctions dans nos cellules. Si on arrive à mieux contrôler leur action, on pourrait imaginer des traitements qui rendent le sommeil plus efficace, sans forcément le prolonger.
Une avancée pour tous, pas seulement pour les “chanceux”

Même si seulement 1 % de la population est naturellement concerné par ce super-pouvoir, les enseignements tirés de cette recherche pourraient bénéficier à tous. Mieux comprendre la génétique du sommeil est essentiel pour développer des solutions contre l’insomnie, le sommeil inefficace, ou encore le syndrome d’apnée du sommeil.
Conclusion : Une mutation qui pourrait changer nos nuits

Cette découverte sur le gène SIK3 éclaire d’un jour nouveau le mystère des personnes capables de dormir peu sans être fatiguées. Si nous ne faisons pas tous partie des “chanceux”, cette avancée scientifique pourrait bien, un jour, améliorer la qualité de sommeil de millions de personnes. Un espoir précieux à l’heure où les troubles du sommeil touchent de plus en plus d’individus.
Source étude : academic