
En 1967, un chirurgien sud-africain tente ce qu’aucun autre n’a osé faire avant lui : transplanter un cœur humain d’un patient à un autre. Ce geste, devenu historique, aurait pu échouer à chaque seconde. Mais que s’est-il réellement passé ce jour-là ?
1. Le chirurgien qui a osé

Christiaan Barnard, un chirurgien sud-africain formé aux États-Unis, avait une vision audacieuse : transplanter un cœur humain entier d’un corps à un autre. Pourtant, l’idée n’était pas totalement nouvelle. Trois ans plus tôt, en 1964, une tentative avait été faite à partir d’un cœur de chimpanzé, mais elle s’était soldée par un échec. Cette fois-ci, Barnard voulait franchir une étape encore plus risquée : greffer un cœur humain sur un autre humain. Il savait que le monde entier aurait les yeux rivés sur lui.
Un patient au bord du précipice

L’homme choisi pour cette opération hors norme s’appelait Louis Washkansky. Âgé d’une cinquantaine d’années, il souffrait d’une insuffisance cardiaque sévère, causée par une maladie coronarienne avancée. Pour lui, il ne restait plus aucune option thérapeutique. Face à l’urgence, et conscient des risques, il accepta la proposition du Dr Barnard. Il n’avait plus rien à perdre.
Le destin tragique d’une donneuse

Le cœur qui allait donner une seconde chance à Washkansky venait d’une jeune femme de 25 ans, Denise Darvall, victime d’un accident de la route le 2 décembre 1967. Bien que son cœur battait encore, elle fut déclarée en état de mort cérébrale. C’est cet état, encore peu compris à l’époque, qui permit légalement de considérer son cœur comme disponible pour une transplantation.
Une scène chirurgicale historique

Le cœur de Denise fut arrêté manuellement, puis son sternum fut ouvert rapidement. Le cœur, devenu bleu et immobile, fut immédiatement perfusé avec du sang oxygéné et refroidi pour éviter sa détérioration. Pendant ce temps, le cœur malade de Washkansky fut retiré. « Pour la première fois de ma vie, je regardais un thorax vide », confiera plus tard Barnard. Ce fut un moment de conscience extrême pour le chirurgien, face à l’ampleur de son geste.
Une greffe complexe, mais réussie

Une fois les deux corps préparés, le cœur de Denise fut raccordé aux vaisseaux sanguins de Washkansky. Même si ce nouveau cœur était plus petit que celui d’origine, il finit par trouver son rythme et battre de manière stable. L’opération dura près de cinq heures, et une fois terminé, le thorax du patient put être refermé. C’était un miracle technique.
Un réveil prometteur… de courte durée

Contre toute attente, le cœur transplanté fonctionna parfaitement. Washkansky, alité depuis longtemps, retrouvait une énergie nouvelle. « Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, nous pouvions voir les effets d’un cœur sain sur un corps malade », dira Barnard. Pourtant, les médicaments antirejet affaiblirent gravement ses poumons. Il développa une pneumonie, et mourut seulement 18 jours après l’opération. Son cœur, lui, battait encore.
Les échecs initiaux, puis les progrès

Si cette première tentative n’assura pas une longue vie au patient, elle ouvrit une voie inédite. Les chirurgiens apprirent très vite de leurs erreurs. Dès la cinquième et sixième greffe, les patients vécurent 13 et 24 années supplémentaires. C’était une preuve incontestable : la transplantation cardiaque était possible.
La controverse médiatique

Ce succès n’a pas été accueilli avec des applaudissements universels. Au contraire, le public fut choqué. Des lettres d’insultes affluèrent : on traita Barnard de boucher, de monstre, voire de sadique. La presse internationale, fascinée, tenta d’acheter les gants du chirurgien et des photos exclusives, sans succès. Barnard n’avait jamais anticipé un tel intérêt mondial.
Quand les greffes éveillent des changements inattendus

Conclusion – Un cœur qui a fait battre l’humanité

Ce premier essai, malgré sa fin tragique, a marqué un tournant irréversible dans l’histoire de la médecine. Grâce au courage de Washkansky, au sacrifice de Denise Darvall et à l’audace du Dr Barnard, des millions de personnes ont aujourd’hui une seconde chance. Ce jour de décembre 1967, un cœur a battu pour deux – et a changé le monde.