Alzheimer : Avez-vous des boutons de fièvre ? Vous pourriez courir un risque plus élevé de développer la maladie
Auteur: Simon Kabbaj
Vous avez déjà eu un bouton de fièvre sur la lèvre ? Ce petit désagrément est souvent considéré comme bénin, passager. Pourtant, une étude récente alerte : ce virus responsable de l’herpès labial pourrait augmenter le risque de développer la maladie d’Alzheimer. Ce lien potentiel bouleverse ce que l’on croyait savoir sur certaines infections chroniques.
HSV-1 : un passager discret mais répandu

Le virus herpès simplex de type 1 (HSV-1) est extrêmement répandu : environ les deux tiers de la population mondiale de moins de 50 ans sont porteurs. Dans la majorité des cas, l’infection est silencieuse. Mais parfois, elle se manifeste par des lésions douloureuses, appelées couramment boutons de fièvre. Ce virus reste présent à vie dans l’organisme.
Alzheimer : une maladie complexe qui intrigue toujours

La maladie d’Alzheimer touche environ 7 millions de personnes aux États-Unis. Elle est causée par une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux et infectieux. Depuis quelques années, la science soupçonne certains virus, dont HSV-1, de jouer un rôle déclencheur ou accélérateur de cette maladie dégénérative.
Une étude américaine de grande ampleur

Des chercheurs de Gilead Sciences, en collaboration avec le journal scientifique BMJ Open, ont analysé les dossiers médicaux de près de 400 000 Américains. Ils ont comparé ceux souffrant d’Alzheimer avec des patients du même âge et sexe n’ayant pas la maladie. Résultat : les personnes atteintes d’Alzheimer avaient en moyenne 80 % plus de chances d’avoir reçu un diagnostic antérieur d’HSV-1.
Un virus parmi d’autres coupables ?

L’étude ne s’est pas arrêtée là. Elle a aussi trouvé un lien entre Alzheimer et deux autres virus : le HSV-2, responsable de l’herpès génital, et le virus varicelle-zona, qui provoque la varicelle et le zona. Cela suggère qu’un groupe de virus herpétiques pourrait jouer un rôle sous-estimé dans le développement des démences.
Un espoir dans les traitements antiviraux

Les chercheurs ont observé que les personnes ayant reçu un traitement antiviral contre le HSV-1 développaient moins souvent Alzheimer que celles non traitées. Les médicaments antiviraux, bien qu’ils ne guérissent pas le virus, permettent de réduire la fréquence et l’intensité des poussées. Ce résultat ouvre une piste préventive sérieuse, encore peu explorée.
Des vaccins déjà existants qui pourraient aider

Une autre donnée encourageante concerne le vaccin contre le zona. Certaines études ont révélé que les personnes vaccinées contre ce virus avaient moins de risques de développer la maladie d’Alzheimer. Cela suggère que protéger l’organisme contre les infections virales pourrait aussi être bénéfique pour le cerveau.
Mais comment un virus agit-il sur le cerveau ?

Les mécanismes ne sont pas encore parfaitement compris. Une hypothèse avancée est que, pour se défendre contre une infection herpétique, le cerveau pourrait produire des protéines comme l’amyloïde bêta et la protéine tau. Ce sont justement les protéines qui s’accumulent dans le cerveau des patients atteints d’Alzheimer. Si cette réponse immunitaire persiste, elle pourrait devenir toxique pour les neurones.
Le rôle de la génétique dans ce processus

Certaines personnes seraient plus vulnérables à ces effets viraux. En particulier, les porteurs du gène ApoE-ε4, connu pour augmenter le risque d’Alzheimer, semblent également plus sensibles aux effets du HSV-1. Cela signifie que le virus seul ne suffit pas : il agit souvent en combinaison avec d’autres facteurs de risque.
Un signal pour la santé publique mondiale

Même si ce lien entre herpès et Alzheimer ne prouve pas une relation de cause à effet, l’ensemble des données pousse les scientifiques à appeler à une révision des stratégies de prévention. Selon les auteurs de l’étude, il est temps de considérer la lutte contre les virus herpétiques comme une priorité de santé publique, non seulement pour éviter les infections, mais peut-être aussi pour préserver la mémoire.
Avis : Cet article est informatif et ne remplace en aucun cas l’avis d’un professionnel de la santé. Si vous êtes concerné par des symptômes ou des facteurs de risque évoqués, veuillez consulter un médecin ou un spécialiste. Les recherches mentionnées sont en cours et ne permettent pas de tirer des conclusions définitives sur un lien de cause à effet.