Des scientifiques révèlent ce qui se passe dans les derniers instants du cerveau pendant notre mort
Auteur: Simon Kabbaj
Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous mourons ? Cette question, posée depuis des siècles par les philosophes comme par les scientifiques, vient de recevoir un début de réponse. Grâce à une observation aussi imprévue que précieuse, l’équipe du Dr Ajmal Zemmar a réussi à enregistrer l’activité cérébrale d’un homme dans ses derniers instants. Pour la première fois, des données concrètes révèlent ce que pourrait vivre le cerveau humain juste après l’arrêt du cœur. Cette étude, publiée dans Frontiers in Aging Neuroscience, change notre compréhension de la mort, et ouvre de nombreuses pistes, aussi bien scientifiques qu’éthiques et philosophiques.
Une découverte faite par accident

En 2016, un patient de 87 ans atteint d’épilepsie était surveillé en continu par électroencéphalogramme (EEG) dans un but médical. Pendant cette surveillance, il a subi une crise cardiaque fatale, permettant aux chercheurs d’enregistrer 900 secondes d’activité cérébrale autour de sa mort. Ce moment imprévu a offert une opportunité exceptionnelle : observer un cerveau humain en train de mourir en temps réel. Ce n’était pas prévu, mais cette coïncidence a ouvert une brèche unique dans le domaine des neurosciences.
Une activité cérébrale surprenante après la mort

L’analyse des données a révélé des signaux cérébraux complexes et coordonnés, même après l’arrêt cardiaque. Les chercheurs ont détecté cinq types d’ondes cérébrales : gamma, alpha, bêta, delta et thêta. Parmi elles, les ondes gamma, liées à la mémoire et à la conscience, ont retenu l’attention. Elles sont généralement associées à des fonctions cognitives élevées, comme la concentration, le rappel de souvenirs et la perception consciente. Le fait qu’elles persistent après la mort remet en cause ce que l’on pensait savoir sur la fin de la conscience.
Des souvenirs juste avant le dernier souffle ?

Cette activité, notamment des ondes gamma enregistrées 30 secondes avant et après l’arrêt du cœur, suggère que le cerveau pourrait revivre certains souvenirs dans ses derniers instants. Dr Zemmar avance l’hypothèse que cela correspond à un “bilan de vie”, un dernier effort du cerveau pour retracer des souvenirs significatifs. Une explication qui pourrait éclairer les témoignages de ceux qui ont vécu des expériences de mort imminente, où la vie défile en accéléré, accompagnée d’émotions intenses.
Une explication scientifique aux expériences de mort imminente

Depuis longtemps, de nombreuses personnes ayant frôlé la mort racontent avoir vu leur vie défiler ou avoir vécu des moments spirituels profonds. Les résultats de cette étude fournissent une base neurologique à ces récits. Même si cela reste spéculatif, cela pourrait expliquer ces phénomènes, souvent qualifiés de mystiques, de façon plus rationnelle. Savoir que notre cerveau pourrait offrir une dernière “projection” de souvenirs peut apporter une forme de réconfort face à l’inconnu de la mort.
Repenser la définition de la mort

Traditionnellement, la mort est définie par l’arrêt du cœur et de la respiration. Mais si l’activité cérébrale persiste après l’arrêt du cœur, devons-nous revoir nos critères ? Ce changement de perspective soulève des questions majeures, notamment dans les domaines de la réanimation, des soins palliatifs et du don d’organes. Car si le cerveau reste actif quelques secondes ou minutes après la mort clinique, sommes-nous vraiment morts à ce moment-là ?
Une seule étude, mais des implications énormes

Il faut cependant rester prudent. Cette découverte provient d’une seule étude de cas, sur un patient épileptique avec un gonflement du cerveau. Ces particularités peuvent influencer les signaux observés. Les résultats ne peuvent donc pas être généralisés à toute la population. Mais cela n’enlève rien à leur valeur scientifique : c’est une première étape, un point de départ pour de futures recherches à plus grande échelle.
Des résultats similaires chez les animaux

En 2013, une étude sur les rats avait montré des schémas d’ondes gamma similaires juste après la mort. Cela suggère que ce phénomène pourrait être commun à plusieurs espèces, et non limité à l’humain. Cette convergence entre humains et animaux renforce l’idée que le cerveau déclenche un processus universel à l’approche de la mort, ce qui pourrait avoir des origines biologiques profondes.
Des répercussions philosophiques et émotionnelles

Au-delà des données, cette découverte touche une corde sensible. Dr Zemmar espère que ces résultats pourront apaiser la peur de la mort, en suggérant que les derniers instants pourraient être empreints de souvenirs positifs et significatifs. Toutefois, il rappelle que chaque cerveau est unique, et que tous les souvenirs ne sont pas heureux. Malgré cela, cette perspective pourrait rapprocher la science de certaines croyances spirituelles, en offrant un pont entre biologie et émotion.
Une porte ouverte à la recherche future

Cette étude marque un tournant. Elle offre un point de départ pour comprendre les derniers instants de la conscience humaine. Avec l’amélioration des outils de mesure comme l’EEG et l’imagerie cérébrale, les scientifiques pourront affiner leurs observations et tester leurs hypothèses. À terme, ces recherches pourraient changer nos pratiques médicales, nos lois, et notre vision de la vie et de la mort.
Une transition entre deux mondes encore mystérieuse

Le cerveau pourrait bien continuer à fonctionner quelques secondes après que le cœur cesse de battre. Ce bref instant entre la vie et la mort, si riche en activité mentale, nous offre une nouvelle perspective sur ce passage ultime. Même si cette étude ne répond pas à toutes les questions, elle nous rapproche un peu plus de la vérité. Ce qui n’était au départ qu’un accident médical est devenu une clé inestimable pour comprendre ce que nous vivons dans nos toutes dernières secondes.
Conclusion – Quand la science éclaire l’ultime mystère

Grâce à cette découverte inattendue, notre compréhension de la mort s’enrichit de nouvelles dimensions. Nous savons désormais que le cerveau humain peut rester actif quelques instants après la fin biologique de la vie. Cette étude, bien qu’isolée, ouvre la voie à une meilleure compréhension du processus de mort, sur les plans médicaux, éthiques, émotionnels et spirituels. Elle pose des questions fondamentales sur la conscience, le souvenir, et le moment exact où l’on cesse véritablement d’exister. Un domaine encore mystérieux… mais désormais un peu moins obscur.
Source : frontiersin.org