Pourquoi les volcans de Vénus ressemblent à des crêpes ? un secret étrange enfin percé
Auteur: Simon Kabbaj
Vénus, souvent surnommée la jumelle maléfique de la Terre, fascine depuis longtemps les scientifiques. Cette planète brûlante, enveloppée d’un épais nuage toxique, cache des structures volcaniques étranges : de grands dômes aplatis, qui ressemblent à des crêpes géantes posées sur sa surface infernale. Pendant des années, les chercheurs ont supposé que ces formes étaient dues à une lave très épaisse. Mais une nouvelle étude vient remettre cette idée en question… et apporte une explication bien plus surprenante.
Des volcans pas comme les autres

Les volcans de Vénus ne ressemblent à aucun autre dans le système solaire. Au lieu de pics acérés ou de cratères en entonnoir, on y trouve des dômes immenses, plats et circulaires, surnommés pancake domes ou volcans-crêpes. Ils donnent l’impression d’avoir été versés lentement, comme une pâte épaisse, puis laissés à refroidir sur une plaque brûlante.
Un volcan étudié à la loupe : Narina Tholus

Pour mieux comprendre leur formation, les chercheurs ont concentré leurs efforts sur un seul dôme, baptisé Narina Tholus. Ce géant mesure près de 145 kilomètres de diamètre ! Grâce aux anciennes données radar de la mission Magellan de la NASA dans les années 1990, les scientifiques ont pu modéliser ce volcan en 3D, et simuler différents scénarios de formation.
Quand la lave seule ne suffit pas

Les premières hypothèses supposaient que la forme aplatie des volcans venait simplement d’une lave très épaisse et lente. Mais les chercheurs ont découvert que cela n’expliquait pas tout. Selon l’étude publiée dans le Journal of Geophysical Research: Planets, la lave ne suffit pas à créer des dômes aussi plats au sommet et aussi raides sur les côtés.
Le secret ? Une croûte étonnamment souple

C’est ici que le véritable secret émerge. La surface de Vénus, ou plus précisément sa lithosphère, est plus souple que prévu. Comme une peau sous pression, elle peut se courber, se gondoler et se déformer. En combinant une croûte flexible à une lave très dense, les simulations montrent que la lave cesse de s’étaler et forme naturellement un dôme avec un sommet aplati, imitant l’aspect de crêpes géantes. De plus, ces modèles reproduisent même les bosses autour des dômes, observées par les missions précédentes.
Une lave pas comme les autres

Mais attention, toute lave ne produit pas cet effet. Il a fallu dans la simulation une lave ultra-dense, deux fois plus lourde que l’eau et un trillion de fois plus visqueuse que du ketchup. Une telle matière prendrait des centaines de milliers d’années terrestres pour se figer complètement. Ce type de lave, extrême par sa lenteur, est essentiel pour permettre l’accumulation en hauteur plutôt que la dispersion.
Source : livescience
Des missions futures pour percer tous les mystères

Bien que ces résultats soient prometteurs, ils reposent sur l’analyse d’un seul volcan. Pour confirmer la théorie, les scientifiques comptent sur les prochaines missions spatiales comme VERITAS et DAVINCI, qui devraient offrir des cartes topographiques plus détaillées. Cela permettra d’analyser des milliers d’autres dômes volcaniques sur Vénus. Mieux comprendre ces formations, c’est aussi mieux comprendre pourquoi Vénus est devenue si différente de la Terre, malgré leurs origines communes.
Conclusion – Une planète, deux destins

Ce que révèlent ces volcans-crêpes, c’est bien plus qu’une curiosité géologique. Ils nous parlent d’une planète cousine de la Terre, qui a suivi un chemin radicalement différent. Tandis que la Terre a favorisé la vie, Vénus est devenue un enfer étouffant, où même la croûte semble ramollie par la chaleur. En étudiant ces crêpes géantes figées dans le temps, nous découvrons un passé alternatif de notre propre monde.
Source : livescience