Des toiles d’araignées géantes sur Mars : une découverte fascinante du rover Curiosit
Auteur: Simon Kabbaj
Le 23 juin, la NASA a dévoilé des images inédites prises de très près par le rover Curiosity sur Mars. Ce que l’on y voit ressemble à s’y méprendre à d’immenses toiles d’araignée figées dans la roche, une structure baptisée boxwork. Ces motifs géométriques forment un réseau de crêtes minérales croisées, un peu comme si la planète rouge avait été tissée par une araignée géante. La réalité est moins effrayante, mais tout aussi surprenante : ces structures sont les vestiges d’un passé où l’eau souterraine circulait encore sur Mars.
Des toiles d’araignées… mais en roche !

Contrairement à ce que leur apparence pourrait laisser croire, ces motifs n’ont rien à voir avec les “araignées de Mars” connues pour se former à cause de la glace de dioxyde de carbone. Le boxwork est un phénomène bien distinct. Il s’agit en fait de roches riches en minéraux qui se sont formées dans les fissures du sol, là où l’eau souterraine s’écoulait jadis. Avec le temps, ces minéraux se sont solidifiés comme du ciment. Les vents martiens, eux, ont patiemment érodé les roches environnantes, ne laissant apparaître que les minéraux les plus résistants, sous forme de crêtes enchevêtrées.
Un phénomène rare et massif

Ce type de structure n’est pas commun sur Mars. Le rover Curiosity les a trouvées sur les pentes du mont Sharp, une montagne de 5,5 km de haut située au centre du cratère Gale. C’est là que le rover explore depuis son arrivée en 2012. Ces formations s’étendent parfois sur jusqu’à 20 kilomètres de large, et leur organisation en forme de toile a immédiatement attiré l’attention des scientifiques. Ce qui intrigue particulièrement ? Ces crêtes n’apparaissent nulle part ailleurs sur la montagne. Pourquoi ici, et seulement ici ? Personne ne le sait encore.
Une eau ancienne, et peut-être des traces de vie ?

En analysant les roches tout autour des crêtes, Curiosity a détecté des veines de sulfate de calcium, un minéral souvent laissé par l’eau salée souterraine. C’est la première fois qu’on trouve ce minéral à cette altitude sur le mont Sharp, ce qui a surpris les chercheurs. Pour certains scientifiques, comme Kirsten Siebach de l’université Rice à Houston, ces minéraux se sont probablement formés dans des zones souterraines chaudes, où circulait de l’eau salée. Et dans ce type d’environnement, des formes de vie primitives auraient pu survivre, comme sur la Terre à ses débuts.
Une exploration en 3D pour mieux comprendre

La NASA a mis en ligne une vidéo interactive en 360 degrés permettant de plonger au cœur de ces formations rocheuses. On peut ainsi observer directement les détails complexes de ces crêtes et comprendre leur composition. En parallèle, le rover continue de forer et d’analyser les échantillons prélevés sur place. Les chercheurs espèrent que ces analyses les aideront à reconstituer l’histoire de l’eau sur Mars, et peut-être à comprendre le fonctionnement de l’immense océan souterrain récemment découvert sous la croûte martienne.
Une piste vers la vie passée sur Mars ?

Depuis des décennies, la grande question reste la même : la vie a-t-elle un jour existé sur Mars ? Cette nouvelle zone étudiée par Curiosity pourrait bien offrir des pistes. Les formations en boxwork sont comme des empreintes fossiles d’une planète autrefois vivante, ou du moins, propice à la vie. “Des microbes primitifs auraient pu survivre dans ce genre d’environnement souterrain chaud et salé”, explique la scientifique Kirsten Siebach. Pour l’instant, ce ne sont que des hypothèses, mais elles sont sérieuses. Et chaque image envoyée par le rover semble rapprocher un peu plus les chercheurs d’une réponse.
Conclusion

Ce qui ressemble à de simples motifs dans la pierre pourrait bien être l’un des indices les plus précieux du passé de Mars. Grâce à Curiosity, les scientifiques peuvent enfin étudier ces structures de près, les comparer à celles qu’on trouve dans les grottes terrestres, et chercher dans leurs détails des signes d’un monde qui, un jour peut-être, a abrité la vie. Pour le moment, ces toiles silencieuses continuent de poser leurs questions, suspendues entre le mystère et la science. Qui sait ce qu’elles nous diront demain ?
Selon la source : nasa.gov