Les scientifiques découvrent une éponge “boule de la mort” et d’étranges créatures des grands fonds
Auteur: Simon Kabbaj
Introduction : un aperçu des monstres des profondeurs
Les grands fonds marins sont connus pour abriter des créatures pour le moins étranges, mais l’éponge carnivore surnommée ‘boule de la mort‘ place la barre encore plus haut. Contrairement à ses cousines douces et pacifiques, cette éponge rôde dans les profondeurs de l’océan Austral — les eaux qui entourent l’Antarctique — et utilise de minuscules crochets pour piéger ses proies. Cette créature n’est que l’une des 30 nouvelles espèces ésotériques que des chercheurs viennent de confirmer. Lors d’expéditions menées par la Nippon Foundation–Nekton Ocean Census en collaboration avec le Schmidt Ocean Institute, les scientifiques ont collecté environ 2 000 spécimens de 14 groupes d’animaux différents, et pris des milliers de photos et d’heures de vidéo. Le 29 octobre, l’Ocean Census a publié les premières images de ces merveilles, et c’est un véritable régal pour les yeux.
Les zones d’exploration : des fonds marins jamais vus auparavant
Pour faire ces découvertes, les chercheurs ont exploré des zones parmi les plus reculées de la planète. Ils ont arpenté les eaux sous les îles Sandwich du Sud et d’autres régions proches de l’Antarctique. Ils ont notamment eu accès à un ‘fond marin nouvellement exposé‘, apparu après qu’un iceberg géant se soit détaché de la plateforme de glace George VI plus tôt cette année. C’est au cours de ces mêmes voyages que l’équipe a filmé le tout premier calmar colossal juvénile, et a découvert de nouvelles sources hydrothermales ainsi que des jardins de coraux volcaniques. Chaque plongée a été une source de découvertes majeures.
Un bestiaire de nouvelles créatures étranges

Le calmar colossal n’était que la partie émergée de l’iceberg. L’équipe a découvert une myriade d’autres créatures. Parmi elles, un nouveau ver à écailles blindé et iridescent, baptisé Eulagisca sp. nov., qui brille de mille feux dans l’obscurité. Ils ont également trouvé de nouvelles espèces d’étoiles de mer et d’isopodes (un type de crustacé), ainsi que d’autres bestioles que les experts soupçonnent de représenter des espèces entièrement nouvelles pour la science. Chaque prélèvement semble révéler un nouveau trésor de la biodiversité.
Le retour bienvenu des ‘vers zombies’

Au milieu de ces nouvelles espèces, les chercheurs ont eu la bonne surprise de retrouver des créatures familières, mais non moins étranges : les “vers zombies” (genre Osedax). Ces vers macabres ont la particularité de se nourrir des carcasses de baleines et d’autres grands animaux marins en utilisant uniquement des bactéries symbiotiques pour digérer les os. Leur présence dans l’océan Austral est une “nouvelle bienvenue”, car des scientifiques s’étaient récemment inquiétés de leur absence dans d’autres habitats marins. C’est le signe d’un écosystème qui fonctionne, même dans la mort.
La pointe de l’iceberg : moins de 30% des échantillons analysés

Le plus fou dans cette histoire ? C’est que nous n’avons encore presque rien vu. Michelle Taylor, la scientifique en chef de l’expédition, a précisé dans le communiqué que les créatures présentées ne représentent même pas 30% des échantillons qu’ils ont collectés. ‘L’océan Austral reste profondément sous-échantillonné’, a-t-elle ajouté. C’est une véritable mine d’or pour la science qui reste à explorer. Le travail d’identification et de classification des milliers de spécimens restants prendra des mois, voire des années.
Conclusion : chaque découverte, une pierre pour la conservation
Ces découvertes, au-delà de leur aspect spectaculaire, ont une importance capitale. ‘Chaque espèce confirmée est une pierre angulaire pour la conservation, les études de biodiversité et d’innombrables projets scientifiques futurs’, insiste Michelle Taylor. C’est une course contre la montre pour identifier et protéger ces écosystèmes uniques avant qu’ils ne soient affectés par le changement climatique et les activités humaines. Une fois que l’équipe aura terminé son analyse, toutes les données seront disponibles en libre accès sur une base de données en ligne, la Ocean Census Biodiversity Data Platform, pour que le monde entier puisse profiter de ce trésor de connaissances. C’est une preuve de plus que, même dans les régions les plus inhospitalières, la vie trouve toujours un chemin.