Pourquoi certains lieux nous donnent-ils la chair de poule ? La science a la réponse !
Auteur: Mathieu Gagnon
Quand l’architecture joue avec nos nerfs

Vous est-il déjà arrivé d’entrer dans une vieille maison et de sentir un frisson vous parcourir l’échine ? Des couloirs qui n’en finissent pas, des escaliers qui craquent sous vos pas… On a vite fait de penser aux fantômes. Et pourtant, la science nous dit que tout ça, c’est surtout dans notre tête. Des chercheurs ont montré comment notre cerveau, pour nous protéger, cartographie les lieux. Mais parfois, cette carte interne se brouille, et c’est là que la peur s’installe.
Notre GPS interne qui perd le nord

En temps normal, on se sent en sécurité dans les endroits qu’on connaît. Logique. C’est grâce à une petite partie de notre cerveau, l’hippocampe, qui enregistre chaque recoin pour nous aider à nous repérer. Lisa Giocomo, une professeure de Stanford, explique que cette carte mentale nous sert à savoir où on est, mais aussi à anticiper où l’on va. C’est notre boussole personnelle, en quelque sorte.
Mais imaginez qu’un petit détail vienne tout perturber : un couloir bien plus long que prévu, une pièce plongée dans une pénombre étrange… Et là, patatras ! Le système s’affole, le cœur s’emballe. Ce n’est pas de la sorcellerie, juste notre cerveau qui interprète mal les signaux. Les murs, la lumière, les sons… tout peut le tromper. Quand un lieu ne correspond pas à ce que notre cerveau attend d’un endroit sûr, il panique un peu.
Les ruines, un terrain de jeu pour l’imagination

Notre cerveau est un excellent détective… peut-être un peu trop. Il est programmé pour repérer les signes de danger ou de dégradation : du plâtre qui s’écaille, une odeur de moisi, des toiles d’araignées partout. Forcément, un bâtiment à l’abandon, ça évoque la négligence, et même la mort. On se demande tout de suite ce qui a bien pu se passer ici, qui a vécu là avant nous.
Et c’est là que notre imagination prend le dessus. Comme l’explique Beth Tauke, professeure d’architecture, ce « vide narratif », ce manque d’histoire claire, pousse notre cerveau à inventer. « Votre cerveau se raconte des histoires pour donner un sens à la ruine, et ces histoires ont tendance à s’orienter vers le danger ou la perte », précise-t-elle. Une maison abandonnée devient alors le décor parfait pour nos pires cauchemars.
L’architecture de la peur : quand les murs nous piègent

Qu’est-ce qu’ont en commun la plupart des lieux dits « hantés » ? Ils sont conçus pour nous perdre. Des couloirs qui ressemblent à des labyrinthes, des dizaines de portes toutes identiques, des symétries bizarres… Sans repères clairs, notre cerveau ne sait plus où donner de la tête. On se sent un peu désorienté, et ce sentiment suffit à nous faire croire que quelque chose de dangereux pourrait arriver.
Une étude de 2021 a même prouvé que la forme des pièces, leur courbure et la lumière influencent notre niveau de stress. Les gens sont plus tendus dans certains espaces. Les architectes le savent bien. Prenez la galerie des Glaces à Versailles : sa symétrie est fascinante, mais aussi un peu déroutante. Les pièces immenses, comme une salle de bal vide, peuvent aussi créer un malaise. Pourquoi ? Parce qu’un éclairage trop uniforme, par exemple, efface les ombres et nous empêche de bien évaluer les distances.
L’escalier sombre ou la descente vers nos angoisses

Les maisons hantées de cinéma cochent toutes les cases : des culs-de-sac qui apparaissent de nulle part, des escaliers en bois qui mènent à une cave obscure, et bien sûr, très peu de lumière. Tout ça active nos systèmes d’alerte. L’escalier qui descend dans le noir est un grand classique. Pour Beth Tauke, c’est une image très forte : « Psychologiquement, l’escalier sombre représente une descente dans l’inconscient, où résident les peurs refoulées ».
Même s’il n’y a absolument aucune menace réelle, l’image seule suffit à créer du suspense. On ne sait pas ce qu’il y a en bas, et notre cerveau, lui, imagine déjà le pire.
Conclusion : alors, fantômes ou simple tour de passe-passe cérébral ?

Il y a aussi une théorie qui dit que les humains se sentent bien dans des endroits où ils ont à la fois une vue dégagée sur l’extérieur et un coin pour se cacher. C’est la théorie de la « perspective et du refuge ». Dans une pièce sans fenêtre, on se sent vite isolé, coupé du monde. On perd la notion du temps, de l’espace, et surtout, on a l’impression de ne plus rien contrôler.
Les maisons hantées, avec leurs fenêtres minuscules ou leurs volets cassés, sont le parfait opposé de cet idéal de sécurité. Alors la prochaine fois que vous irez visiter un vieux manoir pour Halloween et que vous sentirez des frissons, vous pourrez briller en société. Expliquez à vos amis que ce ne sont pas les esprits qui vous taquinent, mais simplement votre cerveau qui vous joue des tours. Et voilà, le mystère est résolu ! Enfin, presque…