L’administration Trump autorise la pêche commerciale dans un sanctuaire marin emblématique du Pacifique
Auteur: Simon Kabbaj
Le monument national marin du patrimoine des îles du Pacifique, un immense sanctuaire situé en plein cœur de l’océan, vient de perdre une de ses protections les plus précieuses. Par un décret présidentiel signé le 17 avril, l’administration Trump a autorisé la pêche commerciale dans certaines zones de cette réserve pourtant mondialement reconnue pour sa biodiversité. Ce geste suscite une vive inquiétude chez les scientifiques et défenseurs de l’environnement, alors que les écosystèmes marins sont déjà fragilisés par le changement climatique.
Un territoire marin d'une richesse exceptionnelle

Créé en 2009 puis étendu en 2014, ce monument national marin s’étend sur plus de 1,2 million de kilomètres carrés, faisant de lui l’un des plus vastes au monde. Ce territoire abrite des espèces rares et précieuses, comme des raies manta, des tortues de mer, des coraux anciens et des requins de récif. Jusqu’à présent, toute forme de pêche commerciale y était strictement interdite, pour protéger cet équilibre naturel intact.
Une décision qui change la donne

Le président Trump justifie cette ouverture par la volonté de renforcer l’industrie américaine de la pêche et de réduire le déficit commercial en produits de la mer, qui dépasse actuellement 20 milliards de dollars. Selon lui, les restrictions précédentes désavantageaient les pêcheurs américains et n’étaient pas efficaces pour prévenir la surpêche, car de nombreuses espèces seraient migratrices.
Des conditions encadrées… mais inquiétantes

Le décret n’ouvre pas l’ensemble de la réserve à la pêche : les activités seront limitées entre 50 et 200 milles nautiques des côtes, et seules les embarcations américaines ou avec des pêcheurs américains y seront autorisées, sous permis. Mais pour les experts, cela reste une brèche dangereuse dans la politique de conservation. « Le risque de perturbation pour la faune marine reste très élevé », avertissent plusieurs organisations écologistes.
Une attaque plus large contre la protection des espèces

Ce décret s’inscrit dans une série de mesures controversées. L’administration Trump a aussi proposé de redéfinir le mot “nuire” dans la loi sur les espèces menacées (ESA). Ce changement affaiblirait la protection des habitats, rendant plus facile leur destruction indirecte, comme par la déforestation ou l’exploitation minière. Les défenseurs de l’environnement dénoncent une attaque en règle contre la biodiversité.
Une réaction politique et citoyenne immédiate

Des voix s’élèvent pour dénoncer cette orientation. Le sénateur Brian Schatz (Démocrate – Hawaï) a condamné la décision : « Nous devrions protéger l’écologie unique du Pacifique pour les générations futures – ce décret fait exactement l’inverse. » Des organisations comme le Center for Biological Diversity alertent également sur le danger d’une extinction accélérée de nombreuses espèces, faute de protéger leurs milieux naturels.
Conclusion : Vers un avenir incertain pour les océans protégés

L’ouverture à la pêche du monument national marin du Pacifique marque une étape symbolique dans l’affaiblissement des politiques environnementales. Ce sanctuaire, autrefois considéré comme intouchable, devient aujourd’hui un terrain d’exploitation. Alors que les effets de la crise climatique s’aggravent, beaucoup s’interrogent : combien d’autres zones protégées subiront le même sort dans les années à venir ?
Source : biologicaldiversity.org