Trump relance l’exploitation des fonds marins : un désastre écologique qui inquiète les scientifiques
Auteur: Simon Kabbaj
Le 24 avril dernier, Donald Trump a signé un décret présidentiel visant à relancer l’exploitation minière en eaux profondes, une initiative qu’il qualifie de “nouvelle ruée vers l’or”. Cette décision, loin d’être anodine, soulève une vague d’inquiétudes parmi les scientifiques, les ONG et plusieurs pays. Derrière la promesse de sécuriser des ressources critiques pour la technologie, se cache un risque majeur pour les écosystèmes marins les plus fragiles de la planète.
Une chasse aux métaux critiques dans les abysses

Le décret demande aux agences fédérales de simplifier les procédures d’exploration et d’extraction de minéraux comme le cobalt, le nickel ou les terres rares présents au fond des océans. Ces matériaux sont essentiels à la fabrication de batteries et de composants électroniques. Trump entend ainsi accélérer la compétitivité américaine, en stimulant les investissements dans les technologies marines. Mais cette course aux métaux rares fait craindre une exploitation brutale et précipitée du milieu marin.
Des machines géantes au service d’une industrie controversée

L’exploitation des fonds marins repose sur des engins gigantesques, capables de ratisser les abysses à la recherche de nodules polymétalliques, surnommés “pommes de terre des profondeurs”. Ces minéraux sont pompés vers la surface, tandis que des résidus liquides sont rejetés dans l’eau, perturbant gravement la biodiversité locale. Le processus est invasif, bruyant, et encore mal maîtrisé, selon de nombreux experts.
Une expérience aux conséquences durables

En 1979, un test d’extraction a été réalisé dans la zone Clarion-Clipperton, dans le Pacifique. Quarante ans plus tard, les chercheurs y observent encore des séquelles : sédiments perturbés, absence de vie animale, cicatrices visibles. Ce cas emblématique montre que les effets du forage sous-marin sont profonds et durables, et que la capacité de régénération des fonds marins est bien plus lente que prévu.
La communauté scientifique et les ONG tirent la sonnette d’alarme

De plus en plus de voix s’élèvent contre cette décision présidentielle, jugée dangereuse. De nombreux scientifiques et ONG estiment que l’objectif réel du décret n’est pas la protection de l’environnement, mais plutôt la défense des intérêts économiques de grandes entreprises minières.
Katie Matthews, scientifique en chef chez Oceana, affirme que « ce choix montre clairement que l’on préfère l’avidité des compagnies minières au bon sens et à la prudence ».
Ce qui choque particulièrement la communauté scientifique, c’est le soutien inattendu de la NOAA, une agence publique normalement chargée de protéger les océans. En appuyant ce décret, elle semble trahir sa mission fondamentale, selon plusieurs experts.
De son côté, Greenpeace tire la sonnette d’alarme en accusant l’administration Trump de vouloir contourner les règles internationales. L’organisation vise notamment l’Autorité Internationale des Fonds Marins, un organisme chargé de réguler toute activité minière dans les zones marines situées hors des eaux nationales. Pour Greenpeace, cette stratégie ouvre la porte à une exploitation sauvage et incontrôlée du fond des océans.
Une opposition internationale grandissante

En 2024, plus de 30 pays se sont opposés à l’exploitation minière des grands fonds, dont la France, le Canada, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Certains réclament un moratoire, d’autres, comme la France, ont déjà interdit cette pratique dans leurs eaux. Pour Greenpeace, autoriser ces activités hors cadre légal revient à “allumer une allumette dans une pièce pleine de dynamite”. L’enjeu dépasse l’écologie : il touche aussi à la crédibilité internationale des États-Unis.
Conclusion – Une course contre la nature… et contre la montre

Alors que les pressions politiques et industrielles s’intensifient, les océans pourraient bien devenir les prochaines victimes silencieuses d’une nouvelle course aux richesses. La décision de Trump marque un tournant inquiétant pour l’avenir de la planète bleue. À l’heure où la protection des écosystèmes devient cruciale, faut-il vraiment sacrifier les profondeurs marines sur l’autel du progrès technologique ?
Source : greenpeace.org