À l’intérieur d’une forteresse secrète d’un milliardaire pour survivre à la fin du monde
Auteur: Simon Kabbaj
Dans l’ombre des collines verdoyantes de la campagne anglaise, des constructions souterraines exceptionnelles voient le jour. Ce ne sont pas de simples abris, mais de véritables palais enfouis sous terre, conçus pour affronter la fin du monde dans un confort absolu. Profitant d’une faille discrète dans la loi, les milliardaires bâtissent des bunkers alliant luxe, sécurité et design écoresponsable.
Une faille juridique discrètement exploitée

Le paragraphe 84 du National Planning Policy Framework (NPPF) permet la construction de bâtiments dans les zones rurales si ceux-ci présentent une « qualité exceptionnelle ». À l’origine, cette clause visait les grands domaines classiques. Mais aujourd’hui, les plus riches l’utilisent pour ériger des bunkers modernes ultra-sécurisés, à l’abri des regards, comme le souligne Simon McEwan, historien de l’architecture.
Bigbury Hollow : un chef-d’œuvre souterrain

Un exemple emblématique de ce phénomène est Bigbury Hollow, construit dans le Kent, à proximité d’un ancien fort de l’âge de fer. Cette « maison souterraine » est presque invisible à la surface. Son intégration dans le paysage est si discrète qu’elle semble faire partie de la nature. Deux cours en terrasse et un jacuzzi y offrent un confort inespéré en temps de crise mondiale.
Une maison pensée pour le confort… et la survie

Le bunker Bigbury Hollow est divisé en deux ailes : une aile nord pour les chambres, et une aile sud pour les espaces de vie et de travail, baignés de lumière grâce à de grandes fenêtres allant du sol au plafond. Avec un coût estimé à 1,8 million de dollars, cette maison a été présentée dans l’émission Grand Designs, où l’animateur Kevin McCloud l’a comparée à « un sous-marin de béton émergeant d’un champ fleuri ».
La prolifération des “maisons Para 84” dans des sites protégés

Même les zones de beauté naturelle exceptionnelle (AONB), habituellement très réglementées, voient fleurir ces demeures souterraines. Parmi elles, Headlands dans les Cotswolds, reconnaissable à son toit en zinc en forme de feuille, ou encore Lake House, sur 40 acres en East Sussex, jouxtant un ancien lac de pêche et une vieille voie ferrée.
Quand durabilité rime avec confort extrême

Selon Rachel Grant, consultante en architecture, ces maisons représentent « une fusion entre durabilité et luxe ». Elles sont conçues pour renforcer l’environnement naturel, tout en assurant un confort inégalé et une sécurité maximale en cas de catastrophe. Ces constructions ne sont plus seulement des abris : ce sont des modèles d’un nouvel art de vivre.
L’alternative abordable des bunkers nucléaires d’époque

Pour ceux qui n’ont pas plusieurs millions à investir, les anciens bunkers de la Guerre froide offrent une autre voie. Un bunker à Cumbria, construit dans les années 1950 pour résister à une attaque nucléaire, a été vendu en 2024 pour seulement 19 000 à 25 000 dollars. Il pouvait héberger trois personnes pendant deux semaines, avec eau et nourriture en réserve.
Un charme rétro et fonctionnel à petit prix

Un autre bunker, situé dans le Derbyshire, a été vendu pour 45 000 dollars. Son intérieur étonne : rideaux en velours, miroirs dorés, poêle à bois… Des touches de fantaisie dans un lieu conçu pour l’extrême. Pour Laura Hitchens, historienne, ces lieux représentent « un mélange fascinant d’histoire et d’efficacité ». Un retour aux techniques du passé, à l’heure où l’angoisse du futur refait surface.
Un engouement alimenté par l’incertitude mondiale

Pourquoi ces bunkers fascinent-ils autant ? Parce que les crises écologiques, politiques et sanitaires récentes ont nourri la peur d’un effondrement. Pour les ultra-riches, ces refuges représentent à la fois une assurance et un art de vivre haut de gamme. Mais même les passionnés de survie ou d’histoire s’y intéressent, à la recherche d’une sécurité durable et réaliste.
Conclusion : survivre avec style… et conscience écologique

Les bunkers ne sont plus des bunkers. Ils deviennent des maisons du futur, pensées pour résister aux pires scénarios tout en respectant l’environnement et en offrant un confort digne d’un palace. Comme le conclut McEwan, « ces lieux ne visent pas seulement la survie. Ils redéfinissent ce que signifie habiter un monde incertain. »