
Le gouvernement Trump a présenté son dernier projet de budget fédéral, suscitant une vague d’inquiétude dans la communauté scientifique. En particulier, la NASA pourrait perdre jusqu’à 40 missions qualifiées de “moins prioritaires”, malgré leur rôle fondamental dans l’exploration spatiale et la compréhension de notre univers. Si ce budget est adopté, il marquera un recul majeur dans les efforts scientifiques américains, touchant des missions déjà actives, des projets internationaux, et de futurs programmes essentiels.
Des coupes massives malgré un discours ambitieux

Dans sa proposition de budget, l’administration Trump affirme vouloir renforcer le leadership des États-Unis dans l’exploration spatiale. Mais dans les faits, cela contraste fortement avec la réalité des chiffres. Le budget global de la NASA serait réduit de 25 %, et son budget scientifique de 47 %. Pourtant, il est important de rappeler que la NASA ne représente qu’environ 0,5 % du budget fédéral total depuis des années. La suppression d’environ 40 missions jugées « moins prioritaires » laisse entrevoir un démantèlement progressif des efforts de recherche américains.
1. Le Soleil : une recherche solaire brutalement freinée

Le Soleil est au cœur de nombreuses missions scientifiques visant à prévenir les effets destructeurs des tempêtes solaires sur notre technologie. Pourtant, des programmes essentiels comme ACE, HelioSwarm, Themis, WIND, IBEX, IRIS, GOLD, TIMED, la mission multiscalaire magnétosphérique, ainsi que les collaborations avec l’EUVST et Hinode, sont visés par les coupes. La plupart sont déjà en orbite depuis plus de dix ans, mais risquent d’être interrompues brutalement.
2. Vénus : des projets prometteurs abandonnés

Les années 2030 devaient marquer le renouveau de l’exploration de Vénus, mais les missions DAVINCI et VERITAS, prévues pour étudier son atmosphère et son activité géologique, sont annulées. Le budget supprime aussi la contribution de la NASA à la mission européenne EnVision. Ces annulations empêcheraient toute nouvelle image du sol de Vénus, qui n’a été observé jusque-là que par des sondes soviétiques.
3. Terre : 17 missions environnementales annulées

Pas moins de 17 missions d’observation de la Terre sont menacées, notamment Terra et Aqua, qui surveillent l’atmosphère et les océans depuis près de 30 ans. Les projets PACE, Landsat NEXT, et la mission de mesure des précipitations pourraient également être stoppés. Cette décision affaiblirait la capacité des États-Unis à surveiller les changements climatiques et à se préparer aux catastrophes naturelles, dans un contexte où même les responsables de l’urgence fédérale semblent ignorer la saison des ouragans.
4. La Lune : retour lunaire compromis

Bien que l’administration affirme vouloir ramener des humains sur la Lune, elle annule le Lunar Gateway, la future station orbitale lunaire. Sont également touchés le Space Launch System, le vaisseau Orion, et la mission Lunar Trailblazer, lancée cette année pour cartographier l’eau lunaire. Pourtant, Orion a déjà effectué un vol autour de la Lune, et cette infrastructure devait être cruciale pour établir une base scientifique permanente.
5. Mars : la planète rouge perd ses soutiens

Plusieurs missions martiennes sont aussi visées, notamment MAVEN, qui a découvert les aurores martiennes, et Mars Odyssey, l’un des piliers de la connaissance de la composition du sol. La mission Mars Sample Return, qui devait rapporter des échantillons sur Terre, est également abandonnée. Les contributions américaines aux projets Mars Express et Rosalind Franklin seront aussi supprimées.
Le reste du système solaire oublié

Les coupes atteignent aussi les missions plus lointaines comme Juno, qui observe Jupiter, et New Horizons, pionnière dans l’étude de Pluton et Arrokoth. Le projet OSIRIS-APEX, qui devait rejoindre l’astéroïde dangereux Apophis, est stoppé. Même si le vaisseau est toujours en route, il ne pourra pas achever sa mission si le budget est adopté.
Exoplanètes et univers profond : une hécatombe

Les missions vers les exoplanètes comme ARIEL, les télescopes d’observation de l’univers sombre comme Euclid et XRISM, ainsi que les instruments à haute énergie tels que Chandra, Fermi, XMM-Newton, NuSTAR, et SphereX sont tous menacés. Même la participation américaine à LISA, l’observatoire spatial des ondes gravitationnelles de l’ESA, est annulée.
Les autres agences scientifiques également touchées

Les coupes ne s’arrêtent pas à la NASA. Le budget de la National Science Foundation prévoit l’arrêt d’un des deux détecteurs LIGO, essentiels à la détection fiable des ondes gravitationnelles. Les Instituts nationaux de la santé (NIH) et l’Administration océanique et atmosphérique (NOAA) sont aussi touchés. Une perte estimée de 36,1 milliards de dollars en financement pourrait priver le pays de 180 milliards en retombées économiques.
Conclusion – Un appel à la vigilance du Congrès

Avant d’entrer en vigueur, ce budget doit encore être approuvé par le Congrès américain, ce qui laisse un espoir aux défenseurs de la science. Investir dans la recherche rapporte 5 fois plus que ce qu’elle coûte, selon les études économiques. Si ces coupes sont validées, elles pourraient faire reculer la science américaine de plusieurs décennies, et affaiblir durablement sa position dans la course à l’espace.
Source : theguardian