Les hallucinations de fin de vie auraient une explication biologique fascinante
Auteur: Simon Kabbaj
Beaucoup de personnes qui frôlent la mort racontent avoir vu une lumière blanche intense, ressenti une paix profonde ou encore flotté hors de leur corps. Longtemps interprétées comme des phénomènes spirituels ou mystiques, ces expériences de mort imminente (EMI) pourraient en réalité avoir des origines biologiques bien précises. Une étude récente propose un nouveau modèle explicatif, en s’appuyant sur l’évolution et les mécanismes cérébraux.
Une réponse du cerveau face à la menace

Les chercheurs décrivent les EMI comme des épisodes de conscience déconnectée, survenant lorsqu’une personne est confrontée à une menace physique grave. À travers une analyse complète des données disponibles, ils ont développé une théorie appelée NEPTUNE, qui relie plusieurs hypothèses scientifiques déjà avancées. Leur objectif : mieux comprendre comment et pourquoi ces visions apparaissent dans les situations critiques, comme après un arrêt cardiaque.
Un dérèglement chimique dans le cerveau

Selon le modèle NEPTUNE, tout commence quand le cerveau manque d’oxygène et que le dioxyde de carbone s’accumule. Cela entraîne un phénomène appelé acidose cérébrale, qui stimule de façon excessive certains neurones. Des zones précises du cerveau s’activent alors intensément, notamment la jonction temporo-pariétale et le lobe occipital. C’est à ce moment qu’une libération massive de neurotransmetteurs a lieu, provoquant des effets impressionnants sur la conscience.
Des substances naturelles à l’origine des visions

Les chercheurs expliquent que cette tempête chimique entraîne des réactions précises. Par exemple, la sérotonine pourrait être responsable des hallucinations visuelles très réalistes, tandis que les endorphines et le GABA procureraient une sensation de paix intense. De plus, la dopamine, libérée en grande quantité, contribuerait à ce sentiment de réalité amplifiée, comme si tout devenait plus vrai que nature.
Un réflexe ancestral pour survivre au danger

L’étude avance une explication évolutive : ce processus serait une réaction de défense du cerveau quand fuir ou se battre n’est plus possible. Dans ces cas extrêmes, la personne entrerait dans un état de dissociation mentale, se déconnectant de la réalité pour se concentrer sur des images intérieures rassurantes. Cela permettrait de mieux supporter la douleur ou le stress extrême, un peu comme un mécanisme de survie hérité de nos ancêtres.
Pourquoi certaines personnes vivent ces expériences

Certaines personnes sont plus susceptibles de vivre une EMI que d’autres. Les chercheurs notent que les individus qui ont tendance à rêvasser ou à se dissocier mentalement sont plus exposés à ces expériences. Il en va de même pour ceux qui présentent une intrusion de sommeil paradoxal (REM) à l’état éveillé : cela peut provoquer des sensations de lumière intense, de paralysie musculaire, d’euphorie et d’expériences extracorporelles.
Conclusion : des réponses, mais encore des mystères

Malgré ce modèle prometteur, les scientifiques reconnaissent que de nombreuses zones d’ombre demeurent. Ils se demandent encore quelles combinaisons précises de facteurs déclenchent réellement une EMI. De plus, des aspects comme la précognition – cette étrange impression de connaître l’avenir après une EMI – restent inexpliqués. Cette étude ne met donc pas fin au mystère, mais elle permet d’ancrer ces expériences dans des mécanismes biologiques bien réels.
Source : nature