Pourquoi les Américains vivent-ils moins longtemps que les Européens, même les plus riches ?
Auteur: Adam David
On pense souvent que la richesse est un passeport pour une longue vie en bonne santé. Pourtant, une nouvelle étude vient bousculer cette idée reçue. Figurez-vous que les Américains, peu importe leur niveau de richesse, ont tendance à vivre moins longtemps que nous, les Européens. C’est assez surprenant, n’est-ce pas ? Même les plus fortunés d’entre eux ne sont pas épargnés et ont une espérance de vie plus courte que les habitants d’Europe du Nord et de l’Ouest.
Cette découverte, publiée dans le très sérieux New England Journal of Medicine, met en lumière un fossé qui ne cesse de se creuser. Et ce n’est pas juste une question d’argent, loin de là.
Une étude sérieuse menée sur 12 ans

Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs spécialisés dans les politiques de santé ont mené une enquête de grande ampleur. Ce n’est pas une petite étude faite à la va-vite. Ils ont analysé les données de près de 74 000 adultes, âgés de 50 à 85 ans, sur une période de 12 ans.
Le panel était réparti entre les États-Unis et 16 pays européens. Pour faire simple, ils ont comparé la durée de vie des gens en fonction de leur patrimoine, que ce soit en Amérique ou ici, en Europe (regroupée en régions : Europe du Nord et de l’Ouest, Europe du Sud, et Europe de l’Est).
Les chiffres parlent d'eux-mêmes

Les résultats sont assez frappants. L’étude a révélé que les 25% les plus riches, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, avaient 40% de risques en moins de décéder pendant la période étudiée par rapport aux 25% les plus pauvres. C’est déjà un écart énorme.
Mais là où ça devient vraiment intéressant, c’est quand on compare les riches entre eux. Les 25% les plus fortunés en Europe du Nord et de l’Ouest ont un taux de mortalité environ 35% plus bas que les Américains les plus riches. Pour le dire autrement, un riche Européen a de bien meilleures chances de vivre plus longtemps qu’un riche Américain. Et pour les plus démunis, la situation est encore pire : les Américains les plus pauvres ont la plus faible espérance de vie de tous les groupes étudiés.
Le paradoxe américain : plus de dépenses, moins de résultats

Voilà des décennies que les inégalités de richesse augmentent, mais c’est bien plus marqué aux États-Unis qu’en Europe. L’écart entre les plus riches et les plus pauvres y est immense. Et pourtant, les États-Unis dépensent beaucoup, mais alors beaucoup plus d’argent dans la santé que n’importe quel autre pays riche.
Malgré ces dépenses folles, les résultats ne suivent pas. Le pays affiche des taux de mortalité infantile plus élevés et plus de décès qui auraient pu être évités. L’étude le confirme : aux États-Unis, l’argent personnel semble acheter plus d’années de vie qu’en Europe, creusant un fossé encore plus grand entre riches et pauvres. Cela montre bien que l’argent seul ne suffit pas.
L'argent ne fait pas tout : le rôle du mode de vie et de la société

Alors, si ce n’est pas (seulement) l’argent, qu’est-ce qui cloche ? Les chercheurs pensent que la richesse ne peut pas compenser d’autres facteurs essentiels. On parle ici de nos habitudes de vie, comme le tabagisme ou la consommation d’alcool, mais aussi de choses plus larges : le niveau d’éducation, le soutien de la famille et des amis, le sentiment de sécurité…
En bref, la recherche suggère que la santé est façonnée par bien plus que le système de soins. Ce sont probablement les politiques économiques et sociales – de l’éducation à l’emploi, en passant par le logement et la sécurité alimentaire – qui jouent un rôle décisif dans notre longévité.
Le secret européen ? Une meilleure répartition pour tous

Ce que les pays européens semblent avoir réussi, c’est à réduire ces inégalités de santé sans pour autant faire exploser leurs budgets. Comment ? En distribuant les ressources qui favorisent la bonne santé (comme l’accès à l’éducation, à des soins de qualité pour tous, à un environnement sain) de manière plus équitable entre toutes les couches de la population.
En faisant cela, ils ont peut-être créé des sociétés où la durée de vie dépend moins de la taille de votre portefeuille. L’idée est de créer un environnement où tout le monde, riche ou pauvre, a une chance de vivre longtemps et en bonne santé.
Conclusion : quelles leçons pour l'avenir ?

Bien sûr, il reste du travail. L’étude nous montre bien les différences, mais il faut maintenant identifier précisément quels aspects des systèmes sociaux européens sont les plus efficaces. Est-ce l’accès aux soins, la sécurité de la retraite, les politiques fiscales ? Difficile à dire pour l’instant.
Les chercheurs vont maintenant tenter de découvrir quels leviers politiques pourraient être les plus efficaces pour réduire ces écarts de mortalité. L’objectif final serait de voir si certaines de nos bonnes idées européennes pourraient être adaptées outre-Atlantique, pour aider tous les Américains à vivre plus longtemps. C’est une question de justice sociale, au fond.
Selon la source : brown.edu