La Chine est en train de rattraper l’Amérique dans la course à l’intelligence artificielle
Auteur: Adam David
Vous avez sûrement entendu parler de l’intelligence artificielle (IA), cette nouvelle technologie qui fait un peu peur et un peu rêver. On pense tout de suite à ChatGPT, l’outil américain qui a envahi nos écrans. Pendant longtemps, on a cru que les États-Unis étaient les seuls champions dans ce domaine. Mais figurez-vous que les choses sont en train de changer, et très vite.
Aujourd’hui, des entreprises chinoises comme la start-up DeepSeek ou le géant du commerce en ligne Alibaba proposent des intelligences artificielles si performantes qu’elles commencent à séduire le monde entier. De grandes banques internationales, des universités et même le plus grand pétrolier du monde, Saudi Aramco, se tournent vers ces alternatives chinoises. C’est le début d’une nouvelle compétition mondiale qui pourrait bien redessiner les cartes du pouvoir technologique.
Pourquoi la Chine gagne-t-elle du terrain si vite ?

La recette du succès chinois est finalement assez simple. Leurs modèles d’IA offrent une qualité presque aussi bonne que les modèles américains, mais pour un prix dérisoire. C’est l’argument massue. Un des co-fondateurs de Latenode, une plateforme qui aide les entreprises à créer des outils d’IA, le dit clairement : le modèle de DeepSeek est “globalement de la même qualité mais 17 fois moins cher”. Pour des clients au Chili ou au Brésil, le choix est vite fait.
Mais ce n’est pas tout. Beaucoup de ces IA chinoises sont en “open-source”. C’est un peu comme si un grand chef partageait sa recette secrète et que tout le monde pouvait l’adapter et l’améliorer à sa guise. Cela encourage énormément de développeurs et d’entreprises à les adopter. Par exemple, le modèle Qwen d’Alibaba a déjà servi de base à la création de plus de 100 000 autres modèles dérivés dans le monde. C’est une stratégie très maline pour se diffuser partout, très rapidement.
Une nouvelle 'guerre froide' technologique ?

Cette compétition acharnée a un nom : certains experts parlent d’une nouvelle “guerre froide technologique”. Les deux géants, l’Amérique et la Chine, se livrent une bataille pour imposer leur technologie au reste du monde. Comme le disait récemment le président de Microsoft, Brad Smith : “Celui qui arrive le premier sera difficile à déloger.” L’enjeu est donc de taille.
Washington tente de freiner la Chine en lui coupant l’accès aux puces électroniques américaines et au savoir-faire. En réponse, Pékin investit des sommes colossales pour construire sa propre filière, sans dépendre des Américains. Cette rivalité s’étend même au domaine militaire. L’armée chinoise, tout comme l’armée américaine, explore activement comment utiliser l’IA pour prendre l’avantage sur le champ de bataille. Le risque, à terme, c’est que chaque camp enferme ses utilisateurs dans sa propre bulle d’informations, voire de propagande, sans plus aucun dialogue possible.
Quelles sont les conséquences pour nous ?

Cette fracture a déjà des conséquences très concrètes. Les entreprises américaines qui fabriquent des puces et du matériel informatique perdent des milliards. Quand l’administration Trump a bloqué la vente d’une puce Nvidia à la Chine, on estime que l’entreprise a perdu près de 10 milliards de dollars de revenus. De même, des géants comme Google ou Meta (la maison mère de Facebook) pourraient perdre d’importantes parts de marché.
Il y a aussi une différence de philosophie. Pendant que les Américains cherchent le grand bond en avant, la “superintelligence”, les Chinois sont plus pragmatiques. Ils se concentrent sur des applications pratiques et utiles au quotidien, ce qui pourrait les aider à conquérir de nouveaux utilisateurs plus vite. Cette division croissante inquiète les experts, car si les systèmes ne communiquent plus, il deviendra très difficile de coopérer sur les questions de sécurité et de contrôle de cette technologie potentiellement dangereuse.
Conclusion : un monde de l'IA divisé où il faudra choisir son camp

Il n’y a pas si longtemps, les secteurs américain et chinois de l’IA travaillaient main dans la main. Aujourd’hui, les investissements américains en Chine se sont taris et la collaboration est au point mort. Le plus grand danger dans cette histoire, c’est que les États-Unis perdent leur capacité à fixer les règles du jeu au niveau mondial.
Si les modèles chinois s’imposent partout, certains craignent que Pékin ne les utilise comme un cheval de Troie pour diffuser sa propre vision du monde. D’ailleurs, si la version “professionnelle” de DeepSeek n’est pas censurée, sa version grand public évite soigneusement les sujets sensibles pour le Parti communiste. Finalement, si la Chine devient totalement indépendante, comme le dit un expert, “nous n’aurons plus aucune visibilité sur ce qu’ils font”. Le monde devra alors choisir son camp dans un univers de l’intelligence artificielle fracturé en deux blocs.
Selon la source : nypost.com