Pourquoi les mariages entre cousins doublent le risque de maladies génétiques chez les enfants ?
Auteur: Simon Kabbaj
Le mariage entre cousins a longtemps fait partie des traditions familiales dans plusieurs régions du monde. Si cette pratique est aujourd’hui perçue comme un tabou dans de nombreuses sociétés occidentales, elle demeure encore courante dans certaines cultures. Mais que dit la science sur ce type d’union ? Des études récentes révèlent des risques génétiques sérieux pour la santé des enfants issus de ces mariages, ce qui soulève des inquiétudes quant à ses effets à long terme. Comprendre pourquoi ces unions sont potentiellement dangereuses pour les générations futures est essentiel pour prendre des décisions éclairées.
Une pratique bien ancrée dans certaines cultures

À travers l’histoire, les mariages entre cousins ont été fréquents, aussi bien chez les anciens Grecs que dans les familles royales européennes. Le roi Toutânkhamon a épousé sa demi-sœur, et les souverains d’Europe n’hésitaient pas à “garder le sang pur” par des unions familiales. Aujourd’hui encore, ces mariages restent courants en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie. Une étude de 2021 a même révélé que les mariages consanguins sont aujourd’hui plus fréquents que dans la préhistoire. Cependant, ces pratiques ne sont pas sans conséquences pour la santé.
L’Église catholique, un tournant historique

Le changement de perception en Occident vient en grande partie des interdits religieux. Au Moyen Âge, l’Église catholique a mis en place des règles strictes interdisant les mariages entre cousins. Ces règles ont largement influencé les lois civiles, faisant de ces unions un tabou persistant en Europe et en Amérique du Nord. En revanche, ailleurs dans le monde, l’interdiction religieuse n’existe pas toujours, ce qui explique la persistance de cette tradition dans certaines cultures.
Pourquoi ces unions posent-elles un problème génétique ?

Génétiquement, les cousins partagent environ 12,5 % de leur ADN. Cela signifie que lorsqu’ils ont un enfant ensemble, il y a plus de chances que les deux parents transmettent le même gène défectueux. Certains troubles, dits autosomiques récessifs, n’apparaissent que lorsque l’enfant hérite de deux copies d’un gène muté. Si un grand-parent commun est porteur d’une mutation, le risque augmente considérablement que les deux cousins en soient aussi porteurs, mettant leur enfant en danger.
Des maladies héréditaires plus fréquentes

Lorsque deux cousins ont un enfant, le risque de maladies génétiques passe de 3 % à environ 6 %. Ces maladies incluent la fibrose kystique, la thalassémie, la maladie de Tay-Sachs, et bien d’autres. L’un des exemples les plus célèbres est celui de la famille des Habsbourg, en Autriche et en Espagne, où des siècles de mariages consanguins ont conduit à des malformations physiques comme la “mâchoire des Habsbourg” et à de graves déficiences chez le roi Charles II d’Espagne. Ces anomalies auraient même affaibli leur pouvoir politique.
Le verdict scientifique : mieux vaut éviter

Les preuves scientifiques sont claires : les mariages entre cousins augmentent le risque de troubles génétiques chez les enfants. Même si cela peut être perçu comme un choix culturel ou familial, les conséquences biologiques ne peuvent pas être ignorées. Avec la génétique moderne et l’accès à des tests de dépistage, il est possible aujourd’hui de mieux comprendre ces risques. Mais dans la plupart des cas, le plus sage reste de choisir un partenaire qui ne partage pas une ascendance aussi proche.
Conclusion – Entre tradition et science, un équilibre nécessaire

Le mariage entre cousins, bien qu’encore pratiqué dans plusieurs régions du monde, soulève des questions essentielles sur la santé des générations futures. Si la tradition a ses raisons d’exister, la science, elle, met en lumière des dangers bien réels. À l’heure où la médecine génétique progresse, il est crucial d’informer les familles et les communautés, afin que les décisions soient prises en toute connaissance de cause. Protéger la santé des enfants à naître devrait toujours rester une priorité, peu importe les traditions.
Source : bbc