Pourquoi l’Égypte antique a-t-elle détruit les statues d’Hatchepsout après sa mort ?
Auteur: Simon Kabbaj
Hatchepsout, l’une des rares femmes pharaons de l’histoire de l’Égypte ancienne, a régné vers 1473 avant notre ère, d’abord comme régente, puis comme souveraine à part entière. Après sa mort, les archéologues ont retrouvé des milliers de fragments de ses statues, gravement endommagées. On vous invite à découvrir pourquoi l’Égypte antique a brisé les statues de cette reine légendaire, et ce que cela révèle vraiment sur sa mémoire.
Selon la source : britannica.com
Une destruction organisée après sa mort

Après la mort d’Hatchepsout, un programme systématique de destruction s’est abattu sur ses monuments. Son nom et son image ont été effacés des murs des temples, comme l’explique l’égyptologue Jun Yi Wong dans une étude parue dans la revue Antiquity. Cet acte, attribué à Thoutmôsis III, soulève encore aujourd’hui des interrogations. Était-ce une vengeance politique ? Une simple affirmation de pouvoir ? Ou bien autre chose ? La réponse semble bien plus nuancée qu’on ne l’imaginait.
Selon la source : Antiquity
Les fouilles de Deir el-Bahari : une découverte intrigante

Entre 1922 et 1928, les fouilles menées près du temple funéraire de Deir el-Bahari ont permis de retrouver de nombreuses statues d’Hatchepsout, dans un état très endommagé. L’archéologue Herbert Winlock, du Metropolitan Museum of Art, a été profondément troublé par ce qu’il appelait des « reliques rageantes » de Thoutmôsis, y voyant la marque d’une volonté féroce d’effacement. Cette interprétation a longtemps dominé les récits historiques. Pourtant, certains détails observés dans ces fragments laissent place au doute.
Selon la source : cambridge.org
Des fragments qui contredisent la version classique

En reprenant les notes, photos, dessins et lettres des fouilles de l’époque, Jun Yi Wong remarque un fait étonnant : de nombreuses statues sont restées relativement intactes, notamment au niveau du visage. Si Thoutmôsis III avait vraiment voulu tout détruire, pourquoi ces parties clés auraient-elles été épargnées ? Cette question vient ébranler l’hypothèse d’une haine systématique. Elle ouvre la porte à une autre explication, plus complexe.
Selon la source : cambridge.org
Une ressemblance troublante avec d’autres souverains

Wong va plus loin. Il note que les dommages infligés aux statues d’Hatchepsout ressemblent à ceux observés sur celles d’autres pharaons masculins, dont la mémoire n’a pourtant pas été attaquée. Ces statues présentent souvent des cassures au cou, aux genoux ou aux chevilles, ce qui laisse penser qu’il s’agit d’un geste codifié, et non d’une mutilation vindicative. Pourquoi Hatchepsout aurait-elle reçu un traitement similaire à ces souverains respectés ? La réponse se dessine lentement, mais reste encore à dévoiler…
Selon la source : cambridge.org
Le vrai motif derrière la destruction des statues

Dans son étude, Jun Yi Wong révèle enfin la clé de ce mystère : les statues d’Hatchepsout auraient été soumises à des rituels de “désactivation”. Ces rites visaient à neutraliser le pouvoir spirituel des statues, conformément à des pratiques religieuses anciennes. Il ne s’agissait donc pas toujours d’un acte de haine, mais souvent d’un geste rituel ou symbolique. De plus, certains fragments auraient été réutilisés comme matériaux de construction, ce qui a pu aggraver leur détérioration. Bien qu’Hatchepsout ait subi une forme de persécution posthume, son cas s’inscrit dans une tradition plus large, où le pouvoir des statues devait être désactivé après la mort, quel que soit le règne du souverain.
Selon la source : cambridge.org
Conclusion : une mémoire brisée, mais pas effacée

Hatchepsout reste un exemple unique dans l’histoire de l’Égypte ancienne. Malgré les tentatives de faire disparaître son image, elle continue de fasciner historiens et égyptologues. Grâce aux travaux récents, on comprend mieux les motivations complexes derrière la destruction de ses statues. Ce n’était pas seulement de la vengeance, mais aussi une pratique rituelle, culturelle et parfois pragmatique. Une vérité plus nuancée qui souligne, encore une fois, l’extraordinaire destinée de cette femme-pharaon.
Selon la source : cambridge.org