Des scientifiques reconstituent le visage d’une femme ayant vécu il y a 10 500 ans grâce à son ADN
Auteur: Simon Kabbaj
Imaginez un peu… pouvoir regarder dans les yeux une personne qui a vécu il y a plus de 10 000 ans. Ce n’est plus de la science-fiction. C’est ce que des scientifiques belges ont réussi à faire en reconstituant le visage d’une femme de la préhistoire. Une véritable prouesse qui nous permet de nous connecter, d’une manière très personnelle, à nos lointains ancêtres. On ne parle plus seulement de fossiles ou d’outils en pierre, mais d’un vrai visage, avec une histoire à raconter.
Un portrait qui bouscule nos certitudes

Alors, à quoi ressemblait-elle ? Eh bien, c’est là que ça devient vraiment intéressant. Grâce à l’ADN retrouvé dans ses ossements, les chercheurs de l’Université de Gand ont découvert qu’elle avait des caractéristiques plutôt surprenantes pour son époque. Elle avait la peau un peu plus claire que les autres Européens de cette période dont on a retrouvé la trace, et surtout, des yeux bleus. C’est une petite révolution, car on pensait jusqu’ici que les chasseurs-cueilleurs européens de l’époque se ressemblaient tous plus ou moins. En fait, non. Il y avait déjà de la diversité, comme aujourd’hui !
Qui était cette femme de la grotte de Margaux ?

Les scientifiques ne se sont pas arrêtés à la couleur de ses yeux. En étudiant son crâne, ils ont pu dresser un portrait plus détaillé. Elle avait entre 35 et 60 ans au moment de sa mort. Un âge respectable pour l’époque. Son visage avait des traits assez marqués pour une femme, notamment des arcades sourcilières proéminentes et un nez avec une arête nasale haute. Des traits qu’elle partage d’ailleurs avec le célèbre « Homme de Cheddar », retrouvé en Angleterre et ayant vécu à la même période. Ils faisaient partie du même grand groupe de population, mais elle, elle avait la peau plus claire. Comme quoi, même dans une même famille, il y a des différences.
Le mystère des neuf femmes de Dinant

Ses restes ont été découverts dans la grotte de Margaux, près de Dinant en Belgique, dans les années 80. Et là, autre surprise : elle n’était pas seule. Huit autres femmes étaient enterrées avec elle. C’est très inhabituel. D’habitude, les sépultures de cette époque mélangent hommes, femmes et enfants. Pourquoi seulement des femmes ici ? Le mystère reste entier. Cette découverte soulève plein de questions sur la façon dont ces communautés vivaient et sur la place des femmes à cette époque.
Des rituels funéraires étonnamment complexes

L’enterrement n’était pas simple. La plupart des corps étaient recouverts d’ocre, une poudre rouge souvent utilisée dans les rituels, et protégés par des morceaux de pierre. C’est la preuve d’un comportement symbolique, spirituel. Ils prenaient soin de leurs morts. Encore plus étrange, le crâne d’une des femmes portait des marques de coupures faites après sa mort. Et ce n’est pas tout : cette grotte a servi de lieu de sépulture pendant des centaines d’années. Ça veut dire que ces peuples, pourtant nomades, revenaient toujours à cet endroit. C’était un lieu de mémoire important pour eux. Ça donne le vertige, non ?
Comment la science a-t-elle redonné vie à son visage ?

Tout ce travail n’a été possible que grâce aux progrès incroyables de la science. À l’époque de la découverte, analyser de l’ADN aussi ancien était impossible. Aujourd’hui, les techniques ont tellement évolué que les chercheurs ont pu extraire un ADN de « très bonne qualité » directement de son crâne. C’est cet ADN qui a permis de déterminer la couleur de sa peau, de ses cheveux et de ses yeux. Pour le reste, comme ses bijoux ou d’éventuels tatouages, les scientifiques se sont inspirés d’autres objets trouvés dans la région. C’est un mélange de science pure et de déduction archéologique pour nous offrir le portrait le plus fidèle possible.
Conclusion : plus qu'un visage, une fenêtre sur notre passé

Cette reconstitution est bien plus qu’une simple curiosité. Elle nous rappelle que derrière les termes un peu froids comme « Mésolithique » ou « chasseur-cueilleur », il y avait des êtres humains, des personnes avec des familles, des croyances et des émotions. Le visage de cette femme nous raconte l’histoire d’un mode de vie nomade, où l’on dépendait de la chasse et de la pêche. Elle nous montre aussi que notre passé est bien plus riche et diversifié qu’on ne l’imaginait. Et surtout, elle nous permet, pour un instant, de nous sentir un peu plus proches de ces ancêtres qui ont foulé la terre bien avant nous.
Selon la source : cnn.com