Une association révoquée a consacré l’intégralité des dépenses de l’année passée à des frais de conseil et services professionnels
Auteur: Adam David
Au début de l’année 2025, le gouvernement a décidé de regarder de plus près les comptes de certains organismes de bienfaisance. L’Agence du revenu du Canada (l’ARC) a mené des enquêtes et, au final, a retiré le statut d’organisme de bienfaisance à 14 d’entre eux. C’est une mesure très sérieuse. Parmi ces organismes, on en trouvait quatre à vocation religieuse, soit trois chrétiens et un juif. Cela montre que personne n’est à l’abri d’une vérification.
Coup de filet à Vancouver : quatre organismes radiés en un jour

Une journée a été particulièrement marquante en mars. Ce jour-là, à Vancouver, quatre organismes de bienfaisance ont perdu leur statut en même temps. L’un d’eux, la Delicate Balance Foundation, a particulièrement attiré l’attention. Sur le papier, son but était simple : donner de l’argent à d’autres œuvres de bienfaisance. Pourtant, quand on regarde les chiffres, on voit que cette fondation, qui avait 22 530 $ en actifs en 2024, n’avait fait aucun don depuis 2020. Ça pose question, n’est-ce pas ?
Mais où est donc passé l'argent ?

Alors, si l’argent ne va pas aux bonnes œuvres, où va-t-il ? La réponse est assez choquante. Les déclarations de revenus de la fondation montrent que, ces deux dernières années, 100 % de ses dépenses sont allées dans des ‘frais professionnels et de consultation’. Oui, vous avez bien lu, la totalité de l’argent dépensé. Pas un seul centime pour aider qui que ce soit. Et ce n’était pas nouveau : les deux années précédentes, c’était déjà au moins 95 % des dépenses qui partaient dans ces mêmes frais. On se demande bien quels conseils pouvaient coûter si cher…
Une manœuvre pour tromper le système

L’ARC a expliqué pourquoi elle a sévi. Au Canada, les organismes de bienfaisance ont une règle à suivre : ils doivent dépenser un certain montant chaque année pour leurs activités charitables. C’est ce qu’on appelle le ‘contingent des versements’. Selon l’ARC, la fondation a tenté de contourner cette règle. Elle aurait participé à des transactions compliquées avec d’autres organismes pour acheter et donner des actions d’une entreprise privée. Le but ? Faire semblant de respecter ses obligations de dons.
Le plus fou dans cette histoire, c’est que la fondation a déclaré que ces actions valaient 7,8 millions de dollars, sans aucune preuve. Après vérification, l’ARC a estimé leur valeur réelle à… zéro dollar. Une coquille vide, en somme.
Des dirigeants déjà dans le viseur des autorités

Ce qui rend l’affaire encore plus suspecte, c’est le profil des personnes en charge. Avant décembre 2023, les trois directeurs de la fondation avaient déjà été déclarés inéligibles. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient été impliqués dans d’autres histoires similaires avec des organismes de bienfaisance qui avaient aussi perdu leur statut. Ils ont été remplacés, mais leur successeur, un avocat à la retraite de Vancouver nommé Blake Bromley, est lui aussi inéligible et connu pour ses liens avec de nombreux autres organismes radiés. Pour l’ARC, c’est une ‘infraction flagrante’ aux règles. On a l’impression qu’ils n’ont même pas essayé de cacher leur jeu.
Aucune réponse, juste une boîte postale

Pour finir, quand on essaie de contacter la Delicate Balance Foundation, on ne trouve qu’une seule adresse : une boîte postale dans un magasin UPS à Vancouver. C’est bien peu pour un organisme qui brassait, sur le papier, des millions. Bien sûr, M. Bromley, le nouveau directeur, n’a pas répondu aux demandes de commentaires des journalistes. Cette histoire nous rappelle qu’il faut rester vigilant. Heureusement, les autorités veillent pour s’assurer que l’argent destiné à aider les autres ne finit pas simplement dans les poches de quelques consultants.
Selon la source : theijf.org